QUELQUES DÉFINITIONS DE LA COMMUNICATION

  1. Action d'établir une relation avec quelqu'un, ou de mettre quelque chose en commun avec une autre personne ou un groupe de personnes, et résultat de cette action. Étymologiquement, communiquer c'est rendre commun.
  2. La chose que l'on communique. Voir Annonce, Avis, Dépêche, Message, Note, Nouvelle, Information, Renseignement.
  3. Moyen technique par lequel des personnes communiquent. Voir Transmission.
  4. Pour Abraham Moles (Théorie structurale de la communication et société, éditions Masson, Paris, 2e édition, 1988) la communication est I'« action de faire participer un organisme ou un système situé en un point donné R aux stimuli et aux expériences de l'environnement d'un autre individu ou système situé en un autre lieu et à une autre époque E, en utilisant les éléments de connaissance qu'ils ont en commun ».
  5. Sperber et Wilson font observer que « d'Aristote aux sémioticiens modernes, toutes les théories de la communication ont été fondées sur un seul et même modèle, que nous appellerons modèle du code. Selon ce modèle, communiquer, c'est coder et décoder des messages » (La Pertinence, Communication et cognition, Paris, éditions de Minuit, 1989).
  6. En gestion des entreprises et des organisations, la communication désigne l'ensemble des actions entreprises en vue de donner la meilleure image de cette entreprise ou de cette organisation, d'accéder à une certaine notoriété, faire connaître les produits et les activités de l'organisation pour développer éventuellement (pour la communication commerciale des entreprises) les parts de marché, de motiver et mobiliser les hommes de l'organisation. Ces actions reposent sur différentes techniques dites de communication : relations publiques internes et externes, relations presse, publicité, publicité directe (courrier, téléphone...), logo de l'entreprise, emballage des produits, charte graphique, parrainage, mécénat, communication événementielle... C'est l'utilisation de tous ces moyens de manière cohérente et concertée, tant en communication interne (dans l'entreprise) qu'externe (pour un public non membre de l'entreprise), en communica­tion institutionnelle que commerciale, qui constitue, selon certains, la communication globale. Celle-ci suppose une charte que doit respecter toute personne de l'organisation dans ses relations avec les publics de l'organisation. Cette idée sert de justification à la constitution d'une direction générale de la communication (DirCom) dans les grandes entreprises.

I- LA THÉORIE DE L'INFORMATION ET DE LA COMMUNICATION 

La communi­cation est l'échange finalisé ou intentionnel, dans un cadre donné, de messages entre deux pôles au moyen d'un canal.

1. Les pôles fondamentaux dans le schéma de la communication

Les pôles dans le schéma ou modèle cano­nique de la communication sont l'émetteur et le récepteur. L'émetteur est le destinateur dans la théorie de R. Jakobson, le récepteur est le destinataire. Mais dans certaines communica­tions réelles (cf. par exemple, le modèle mécaniste des télécommunications conçu par Claude Shannon), il est possible de distinguer trois catégories, de part et d'autre de la voie de transmission : d'une part la source, le codeur et l'émetteur et, d'autre part, le récepteur, le décodeur et le destinataire. Le canal est alors l'ensemble compris entre la source et le desti­nataire, la voie ou média désigne uniquement ce qui relie l'émetteur au récepteur. Pour sim­plifier, on supposera que la source, l'émetteur et le codeur sont confondus, de même que le décodeur, le récepteur et le destinataire.

Sous cette simplification, l'émetteur assure le codage (ou encodage) du message en fonction de la nature du canal, de son propre répertoire de signes et de notions, et des capacités de décodage - sans déformation - du récepteur. Dans la communication bidirectionnelle, contrairement à la communication unidirec­tionnelle ou univectorielle, le récepteur peut devenir émetteur et réciproquement. Il se pro­duit alors un effet de rétroaction (feed-back), qui permet au premier émetteur d'adapter son répertoire pour que l'échange puisse se pro­duire sans trop de distorsions. La communica­tion effective ne peut avoir lieu que par l'utili­sation des éléments communs aux deux réper­toires.

Mais un message peut être reçu sans que la signification décodée soit celle pro­grammée à l'émission. Le phénomène de la connotation et la diversité des acceptions pour les notions conduisent en effet à des bruits sémantiques. L'isomorphisme des répertoires obtenu par l'établissement par convention d'un code commun ignorant les polysémies devra mettre fin aux bruits sémantiques. Cependant cette communication théoriquement possible peut subir des distorsions d'origine exogène. Il s'agit dans ce cas de bruits de voies ou para­sites qui peuvent être dus au canal ou à l'en­vironnement général de la communication. Signalons que le Québécois Jean Cloutier parle d'émérec par contraction d’émetteur et récepteur et pour signifier cette double carac­téristique de l'acteur social {La communication audio-scripto-visuelle à l'heure des self-media, Presse de l'Université de Montréal, 1973).

Pour les théoriciens de l'école dite de Palo Alto, c'est-à-dire influencés par Bateson, on ne peut pas ne pas communiquer et la communication n'est pas un envoi d'information par un émetteur vers un récepteur, mais une circulation permanente de messages. La communication est, d'une autre manière, un ensemble d'interactions, c'est-à-dire un ensemble de rétroac­tions permanentes, de sorte qu'il est difficile de trouver un début et une fin au processus de communication du fait de sa circularité. Lorsqu'il est dit, plus haut, qu'on ne peut pas ne pas communiquer, c'est à la diversité des modes et formes d'expression qu'il est fait réfé­rence : la parole, l'écrit, mais aussi le regard, les gestes, les actions sont des moyens de communication (voir ci-dessous canal). Rester silencieux, pour un élève, à la suite de la question de son professeur, c'est peut-être communiquer que le travail attendu n'a pas été fait, ou, pour un prisonnier de guerre sous la torture, c'est communiquer son refus de com­muniquer. Dans cette optique de l'école de Palo Alto, si tout comportement est communi­cation, en revanche toute communication n'est pas nécessairement consciente. Par consé­quent l'échange finalisé ne peut être envisagé que pour la communication voulue ou inten­tionnelle. En principe pour Paul Watzlawick (Une logique de la communication, Seuil, 1972), membre de cette école, un coup de pied dans un caillou, n'est pas une communi­cation alors que frapper un chien en est une.

Un message ou un énoncé dans la communi­cation est à la fois un contenu et une indica­tion sur la nature de la relation qui existe entre l'émetteur et le récepteur. La communication n'est satisfaisante que si les tous les acteurs de la communication sont d'accord sur la nature de la relation (voir Analyse transactionnelle). 


 


2. La notion de canal

Le canal peut être physiologique directement ou indirectement par le passage par un canal technique. Le canal physiologique peut être à son tour : tactile, auditif, visuel. Le canal tech­nique peut être : sonore (téléphone, radiodif­fusion, magnétophone et sa bande enregistrée, tourne-disque et le disque enregistré, etc.), visuel (photographie, livre, journaux, panneau d'affichage, tableau, etc.), audiovisuel (télévi­sion, cinéma, vidéodisque, etc.).

Pour les théoriciens de la communication de l'école de Palo Alto, tous les comportements sont potentiellement communicatifs. Yves Winkin (La nouvelle communication, Seuil, 1981, p. 147) propose de les classer en six grandes catégories :

  • Le comportement verbal
    • linguistique
    • paralinguistique 
  • Le comportement kinésique
    • mouvements corporels y compris /'“expression" faciale
    • éléments provenant du système neuro-végé­tatif comprenant ta coloration de la peau, la dilata­tion de la pupille (...)
    • la posture
    • les bruits corporels 
  • Le comportement tactile
  • Le comportement territorial ou proxémique
  • D'autres comportements communicatifs (peu étudiés), par exemple, l'émission d'odeurs
  • Le comportent vestimentaire, cosmétique, orne­mental, etc. » 

3. Le cadre ou contexte de la communication : 

il peut être la famille, l'école, l'entre­prise ou toute autre situation sociale, comme une réunion entre amis, échange de rensei­gnements dans la rue, etc.

4. Les finalités de la communication :

L'intention ou la finalité peut être d'augmenter les connaissances, avertir, renseigner, exprimer des émotions, etc., donner un signe, modifier les comportements, influencer, etc. Les six fonctions du langage schématisées par Roman Jakobson peuvent être reprises ici pour préci­ser la fonction de la communication par la prise en compte de l'intention :

  • Exprimer des émotions c'est la fonction expressive centrée sur l'émetteur. Tel est, en particulier, la fonction des messages person­nels non destinés originellement à un récep­teur différent de l'émetteur comme par exemple le journal intime.
  • Influencer ou chercher à modifier le compor­tement c'est la fonction conative centrée sur le récepteur. La publicité, la propagande, l'édu­cation sont des types de messages à fonction conative.
  • Décrire la réalité dont il est question c'est la fonction référentielle.
  • Faire un signe pour s'assurer que le contact est établi entre l'émetteur et le récepteur relève de la fonction phatique. Ainsi, le allô tradi­tionnel au téléphone, les trois coups au théâtre avant le lever du rideau, sont quelques exemples de communication phatique.
  • Décrire le code linguistique dont on se sert est l'expression de la fonction métalinguistique. Il s'agit ici de faire un discours sur le discours, de parler de sa grammaire.
  • Jouer sur les sons, sur les rapprochements des mots et des sens, sur le rythme d'une phrase, etc. c'est faire appel à la fonction poé­tique du langage. Dans ce cas le message s'or­ganise sur sa propre forme de message. 

 


II- LES TROIS APPROCHES DE LA COMMUNICATION SELON CHARLES W. MORRIS

Le philosophe et sémioticien américain Charles W. Morris (né en 1901), représentant du néopositivisme et coéditeur avec Carnap et Neurath de l‘International Encyclopedia of Unified Science, identifie trois grandes pro­blématiques susceptibles de guider les recherches en communication, problématiques qui constituent de fait des disciplines spéci­fiques et complémentaires. Ce sont l'approche sémantique, l'approche syntaxique et l'ap­proche pragmatique.

  • La dimension sémantique est celle qui pose le problème de la signification du message.
  • La dimension syntaxique est celle qui ana­lyse la cohérence logique, de l'enchaînement logique et dans le temps les uns aux autres des messages successifs ou des signes successifs.
  • La dimension pragmatique est celle des effets recherchés par l'émetteur.

III- COMMUNICATION INTERPERSONNELLE ET COMMUNICATION DE MASSE

D'un point de vue social, en fonction de la nature et du nombre des acteurs impliqués dans le processus, la communication est une relation d'information ou de représentation entre des sujets qui se reconnaissent mutuel­lement comme appartenant à un même sys­tème social ou à un même système symbo­lique. La communication consiste en un pro­cessus à deux dimensions : la communication intersubjective ou interpersonnelle et la com­munication de masse ou communication médiatée, qui représentent des enjeux, des processus et des situations différents, impli­quant des acteurs et des sujets de nature diffé­rente.

Les deux logiques de la communication n'en­gagent pas le même rapport à l'information : tandis que, dans le champ de la communica­tion intersubjective, l'information porte sur les sujets en présence et sur la vérité dans laquelle ils se reconnaissent, dans le champ de la communication médiatée, l'information porte sur les rapports institutionnels et sur les rela­tions de pouvoir qui organisent l'espace social. L'information, dans ces deux logiques, donne à la communication une consistance effective. C'est l'information qui, faisant l'objet d'une appropriation par les partenaires de l'échange de communication, débouche sur une logique stratégique : sur des initiatives, des comporte­ments, des pratiques, de la part des partenaires de la communication. L'information fait des sujets et des acteurs de la communication les sujets et les acteurs d'une intersubjectivité et d'une sociabilité réelles.

L'information va donc avoir les deux dimen­sions de la communication : ou elle va porter sur l’intersubjectivité et l'identification ou elle va porter sur l'espace de la sociabilité et du lien social.

Quand l'information porte sur l'intersubjectivité, elle renvoie à la personnalité du sujet et à ce qu'il a de plus propre en lui : le désir, comme consistance réelle des dynamiques de sa personnalité. Quand elle porte sur le lien social, elle renvoie au réel de la sociabilité, c'est-à-dire à ce qui forme le lien social : la citoyenneté, l'affiliation, la morale, et les autres dimensions de l'implication sociale du sujet de la communication. L'information donne au sujet la consistance au nom de laquelle il va pouvoir engager et soutenir des relations de communication avec les autres. 


 


IV- LA THÉORIE DE LA COMMUNICATION DE LUCIEN SFEZ

Pour Lucien Sfez (Critique de la communica­tion, Seuil, 1988), la communication a deux fonctions : une fonction de représentation et une fonction d'expression.

  • La représentation est la description la plus objective possible d'une partie de la réalité extérieure clairement identifiable. Le schéma proposé, isomorphe avec le schéma canonique de la théorie de la communication, est alors : Monde objectif -> représentant -> médiateur -> représenté.
  • L'expression, dans un sens différent de celui de la fonction expressive de Jakobson (voir ci- dessus), c'est le fait de considérer que les médias déterminent la façon de percevoir la réalité qui n'est plus une donnée extérieure objectivable. L'émetteur ne se contente pas de décrire, il exprime son point de vue, sa philo­sophie, son opinion, ses positions, sa vision de la chose et sa vision du monde.

La confusion entre la représentation et l'ex­pression constitue le tautisme, selon le mot forgé par L. Sfez par la combinaison des mots autisme (incapacité à communiquer avec les autres), tautologie (répétition de la même idée avec des formules différentes) et totalitarisme. 

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