Votre voix est un outil puissant pour transmettre votre message avec assurance. Mal utilisée, elle peut traduire un manque d’assurance, un style passif-agressif ou agressif. Bien employée à l’inverse, elle pousse les autres à prêter attention à ce que vous avez à dire.
I- La voix : un moyen d'influence efficace
Utiliser sa voix pour bien faire passer son message
Ce n’est pas la qualité de la voix qui prime dans l’expression avec assurance. La Nature vous a plus ou moins gâté, vous n’y pouvez rien, certes, mais il vous est possible de la façonner au mieux, en prenant conscience de ses particularités. Comme la plupart des gens, la perception que vous avez de votre voix diffère de la réalité. Vous n’avez qu’à vous écouter sur un enregistrement. Il s’agit d’exploiter la richesse de votre voix en variant le volume, l’inflexion et le ton, afin de retenir l’attention d’autrui. Voici quelques conseils d’utilisation de cet outil :
✓ Projeter sa voix. Vous entend-on suffisamment quand vous parlez ? Il faut que l’on vous entende distinctement. Cet effort prend toute son importance lorsque vous parlez en groupe, dans le cadre de réunions, par exemple. Les personnes ont tendance, surtout en réunion, à ignorer ce que vous essayez de dire s’ils ne vous entendent pas bien, et ne vous demanderont pas systématiquement de répéter en parlant plus fort.
Par conséquent, adaptez le volume à la situation. Parlez un peu plus fort en société puis baissez le ton lorsque vous vous adressez à une seule personne. Faites toujours en sorte que l’on puisse facilement vous entendre.
Une variation de volume judicieuse peut vous aider à mettre l’accent sur un point important que vous souhaitiez préciser. En parlant plus fort, vous tentez d’obtenir l’attention d’autrui, alors qu’en baissant d’un ton sur un élément particulier, cela a parfois pour conséquence d’attirer plus l’attention. Dans un cas comme dans l’autre, la variation du volume sonore fait ressortir les propos que vous tenez, moyen efficace de susciter une réelle écoute de vos interlocuteurs.
✓ Infléchir sa voix. L’inflexion concerne le ton. Si vous avez une voix haut perchée, elle est perçante et personne ne veut l’entendre. Plus couramment, si votre ton est neutre, votre voix est plutôt sourde. Qui aime écouter les personnes à la voix sourde? Pour traduire une certaine assurance, la clé est de faire preuve de variété ou modulation dans votre ton. La modulation rend votre voix agréable à l’oreille et confère de l’énergie à votre message.
Tout comme le volume, une inflexion variée permet de mettre l’accent sur un élément de son discours afin d’attirer l’attention de manière positive, notamment en affichant un enthousiasme légèrement supérieur ou inférieur.
Sachez quand mettre l’accent sur un point, puis moduler le volume ou l’inflexion pour traduire l’importance du passage. Cela parviendra aux oreilles de l’auditeur comme le signe que vous affirmez avec confiance votre message, ce qui attirera positivement son attention. Il est donc judicieux de connaître le point crucial de votre message afin de moduler votre voix avec assurance pour le faire ressortir.
✓ Adopter un ton plein de sincérité. Le ton englobe le volume et l’inflexion de votre voix. Il véhicule le sentiment général distillé dans votre message et joue donc un rôle essentiel dans l’élaboration du sens et la façon dont les autres le perçoivent.
Vous souhaitez naturellement que votre ton traduise l’importance des éléments de votre message, ce qui détermine la clarté de votre propos. Vous tenez également à ce que votre ton soit empreint de sincérité afin que votre message soit mieux perçu. Cette sincérité est bien entendu conditionnée par les mots que vous prononcez mais aussi par le ton adopté. Un ton sincère dit en fait à l’autre : « je pense ce que je dis et je dis ce que je pense, et je le fais en vous respectant. ». Lorsque votre ton transmet ce type de message, vous contrôlez la situation, avez donc une influence positive dans vos interactions et faites passer votre message avec assurance pour que les autres le comprennent. Évidemment, cela ne signifie pas que vous parlez en toute transparence : vous manifestez que vous vous efforcez d’offrir la parole la plus limpide qui soit.
Éviter les pièges vocaux
Votre voix peut souvent s’avérer le meilleur outil pour transmettre aux autres votre message de manière positive et efficace. Cependant, utilisée sans assurance, elle peut vous desservir, devenant obstacle à la compréhension. Voici une liste de pièges qui vous font paraître comme manquant d’assurance.
✓ Paraître hésitant : lorsque votre voix semble hésitante, vous ne paraissez pas sûr de ce que vous dites. Et si vous n’avez pas vraiment confiance en ce que vous dites, personne ne va y adhérer à 100 %. Votre voix est le baromètre de votre confiance. Si votre voix hésite, vacille, perdant son assurance, vous n’êtes plus pris au sérieux comme vous le voudriez.
✓ Parler trop doucement : lorsque l’on ne vous entend pas assez, la probabilité que personne ne vous écoute augmente. Si vous n’êtes pas capable de parler assez fort pour être entendu, vous finissez par passer pour quelqu’un qui manque de confiance.
Il s’agit bien ici de parler trop doucement. Nous ne remettons pas en cause le style de communication de certaines personnes dotées d’une voix douce et assez basse. Leur voix n’est jamais la plus forte mais elles trouvent le tonus nécessaire, ainsi que de la certitude dans le ton, pour être entendues.
✓ Marmonner : le marmonnement présente des caractéristiques de la voix trop douce et manquant d’assurance. Il vous arrive de marmonner quand vous vous parlez ou lorsque votre message change d’orientation. Dans la mesure où votre auditoire ne peut distinguer clairement ce que vous dites lorsque vous marmonnez, certains émettent l’hypothèse que vous ruminez des propos négatifs. D’autres ont simplement l’impression que vous n’êtes pas sûr de ce que vous dites. Dans l’ensemble, les marmonnements réduisent la clarté d’un message et la confiance affichée par l’émetteur.
✓ Parler trop fort : lorsque le volume de votre voix est trop élevé, vous tombez dans le registre de l’agressivité. Vous paraissez dominateur et parfois intimidant pour les autres, surtout dans des situations conflictuelles. Si vous semblez hausser trop le ton par rapport à la situation, on a l’impression que vous ne vous maîtrisez plus. Si vous devez hurler pour vous faire entendre, généralement, personne n’est disposé à vous écouter.
✓ Baisser le ton en fin de phrase : c’est monnaie courante. Vous entendez bien ces personnes mais, à la fin d’une phrase ou d’un point clé de leur discours, le volume de leur voix retombe pratiquement à zéro. La phrase semble alors incomplète, comme s’il manquait un ou deux mots. On a l’impression que vous manquez d’énergie pour finir vos phrases, les auditeurs perdent le sens de votre message et leur intérêt diminue.
✓ Avoir un ton monocorde : parlant à voix basse et éteinte, vous devenez vite lassant. L’absence d’inflexion de votre voix se traduit généralement par un manque d’attention de la part des autres. Réfléchissez-y un moment. Si vous ne paraissez pas être intéressé par votre message, comment pouvez-vous espérer que les autres vous prêtent une oreille attentive?
✓ Rebuter les autres en adoptant le mauvais ton : les tons qui vous font paraître arrogant ou condescendant traduisent très vite un manque de respect, quelles que soient vos intentions premières. C’est un piège à éviter absolument.
✓ Avoir un ton cassant : le ton permet de communiquer une grande partie des émotions que charrie votre message. Dans des situations délicates (le monde du travail n’est pas un jardin d’Eden !) et quand vous manifestez des émotions sans les maîtriser, vos interlocuteurs sont susceptibles de percevoir le propos de manière beaucoup moins bienveillante que vous ne le souhaitiez au départ. Par exemple, votre agacement passe pour de la pleurnicherie, ou votre moment de défaillance est perçu comme le signe d’une défaite. Dans la mesure où la plupart des gens n’ont jamais appris à écouter et à saisir les sentiments exprimés par les autres, ils ne comprennent pas votre problème. Quand ils perçoivent des sentiments négatifs mal maîtrisés dans les propos, énoncés avec un ton cassant, ils se mettent sur la défensive et ont donc une réaction opposée à celle que vous souhaitiez les voir afficher.
Pour ajuster votre ton, l’essentiel est de contrôler vos émotions et d’associer gravité et sincérité. Cela permettra à vos auditeurs de vous prêter attention de manière positive, votre propos devenant digne d’intérêt.
Vos émotions influent considérablement sur la façon dont les autres perçoivent votre message. Essayez ceci : demandez à quelqu’un de recevoir votre message, que vous délivrerez deux fois. Votre message doit être court (deux ou trois phrases) et commencer par : « une chose me cause du souci… ». La première fois, délivrez votre message avec un ton très agacé. La seconde fois, prononcez-le avec gravité et sincérité.
Quel message suscitera chez l’autre personne la réaction la plus favorable? Le message transmis avec gravité et sincérité amène une réaction pleine d’intérêt. Il y a de fortes chances que l’interlocuteur s’intéresse plus à votre problème et souhaite vous aider à le résoudre. Le premier message s’apparente plus à des pleurnicheries. Peu de personnes ont la patience suffisante pour les entendre.
II- Maîtriser le débit de sa voix pour bien communiquer
Il s’agit de la vitesse à laquelle les mots sortent de votre bouche et de la clarté avec laquelle ils sont entendus et compris par votre interlocuteur.
Utiliser le débit pour bien faire passer son message
Nombreuses sont les personnes à toujours parler avec le même débit, quels que soient la situation et l’interlocuteur qu’elles ont en face. En France, le débit varie en fonction des régions. Dans les Pyrénées, par exemple, il est plus rapide que dans le Nord. Les Parisiens ont encore la réputation de parler très vite en avalant des syllabes.
On ne peut cependant pas faire de généralisation en matière de rythme d’élocution sur la base de la région où vit la personne. Dans le monde du travail actuel, la mobilité est monnaie courante et les employés changent de région, voire de pays. L’éducation et de nombreux autres facteurs influent sur les tendances discursives. Autrement dit, un large éventail de personnalités et de styles de communication sont présents dans notre environnement professionnel. Voilà pourquoi il est si important de maintenir un débit régulier afin que vos mots sortent avec clarté, et de faire preuve de souplesse avec vos interlocuteurs.
Il s’agit de trouver le juste équilibre, avec un débit ni trop rapide et ni trop lent. Un débit régulier peut vous aider à vous exprimer efficacement avec un large éventail de personnes. En même temps, cet outil vous indique comment faire varier votre débit à certains moments, surtout en fonction du public auquel vous vous adressez.
Voici quelques conseils pour maîtriser votre débit :
✓ Articulez bien. Une bonne élocution consiste à prononcer les mots correctement. Si vous mâchez les mots, vous risquez de semer la confusion dans l’esprit du récepteur (vous avez dit quoi ?) ou de lui donner l’impression que vous n’êtes pas sûr de vous, ou ne maîtrisez pas votre message. Lorsque les gens commencent à juger la façon dont vous parlez, ils sont moins centrés sur le sens de vos propos et donc moins attentifs.
Une bonne élocution vous aide vraiment à contrôler le débit. Vous restez concentré sur la bonne prononciation des mots afin qu’ils soient clairement entendus, au lieu de vous précipiter et d’avaler les syllabes. Lorsque vous articulez distinctement, vos mots et le sens de votre message sont plus facilement captés et compris par vos auditeurs.
✓ Faites des pauses de temps à autre. Vous avez un train à prendre ? Bien réfléchir avant d’ouvrir la bouche et respirer correctement : cela améliore la clarté de votre message. C’est à cela que servent les pauses. Au lieu de vous précipiter ou de penser tout haut avec toutes sortes de petits mots d’hésitation (tels que heu, eh bien, enfin), les pauses vous aident à ralentir la cadence, à vous concentrer et à bien articuler. Prenez simplement de bonnes habitudes : réfléchir et respirer.
En faisant varier votre débit, vous donnez une certaine saveur à vos propos et du relief aux mots importants. Cela contribue également à ce que l’auditeur les perçoive plus clairement. Il s’agit parfois d’accélérer le débit ou de ralentir la cadence sur une expression ou phrase essentielle. Dans un cas comme dans l’autre, vous mettez l’accent sur des éléments et rendez votre message plus agréable à entendre.
✓ Ajustez votre débit en fonction du rythme d’écoute de votre auditeur. Ce dernier aspect du débit est proche mais pas tout à fait identique à la technique de réflexion, qui consiste à adapter votre communication à ce que dit votre interlocuteur, du langage corporel à l’utilisation de certains mots, en passant par le débit. Il peut vous arriver d’aller trop loin, au point de perdre le fil de la conversation ou de dériver vers l’imitation.
L’idée est de vous mettre en phase avec l’autre personne et de faire preuve d’une certaine flexibilité en fonction du style de communication de votre interlocuteur. Par exemple, si vous échangez avec quelqu’un de très expressif et qui parle vite, accélérez un peu le mouvement. Si vous conversez avec une personne réservée, ralentissez un peu. Attachez-vous à adopter un débit correspondant (analogue, voisin) à celui de votre interlocuteur. Si votre débit est opposé au sien, la personne aura plus de mal à écouter votre message et cela n’a rien à voir avec sa capacité d’écoute. Généralement, les gens sont capables de recevoir et de saisir des messages à une vitesse supérieure à celle à laquelle ils sont transmis.
Le débit contribue à établir le rapport avec l’autre. Un bon rapport se caractérise par une relation emprunte de confiance et de respect mutuels. En règle générale, nous travaillons mieux avec des personnes présentant ces qualités. Lorsque vous modifiez votre débit de façon à vous adapter à celui de votre interlocuteur, vous montrez que vous entretenez de bons rapports avec les autres. Lorsque les gens pensent que vous les comprenez, il y a de plus fortes chances qu’ils saisissent votre message.
Éviter les pièges du débit
Voici quatre pièges liés au débit. Vous vous reconnaîtrez peut-être dans l’un d’entre eux pour vous y être laissé prendre. Nul n’est infaillible !
Attachez-vous à corriger ce défaut et adaptez votre débit de façon à faire passer votre message avec assurance.
✓ Parler trop vite : si vous êtes habitué au stéréotype du commercial qui parle à toute vitesse, vous allez immédiatement reconnaître ce piège. Lorsque votre débit est bien plus rapide que celui de votre auditeur, vos émotions sont perçues de manière amplifiée (vous êtes trop enthousiaste ou trop anxieux, par exemple). Il en résulte que les degrés de sincérité et de confiance ne collent pas et votre auditeur n’est pas en phase avec ce que vous dites.
✓ Mâcher les mots : un débit trop rapide peut conduire à ne pas détacher les mots. À la racine du problème, une mauvaise articulation des mots qui donnent l’impression qu’ils sont collés, comme si vous aviez bu. Lorsque votre message est moins intelligible, vous pouvez deviner qu’il sera difficilement reçu. Vous risquez fort de devenir incompréhensible.
✓ Parler trop lentement : c’est l’inverse du piège consistant à parler trop vite. Vous mettez autant de temps à prononcer une phrase qu’il en faut à une personne pour en dire trois au débit normal. Votre auditeur peut perdre patience et ne plus vous suivre.
L’essentiel est d’avoir conscience de son mode d’expression. Si vous êtes rapide, tout comme votre interlocuteur, tout va bien. Si vous êtes aussi lent que votre interlocuteur, tout va bien également. Utilisons l’analogie avec la conduite automobile. Il faut parfois enfoncer la pédale de frein et ralentir et parfois appuyer sur l’accélérateur pour aller plus vite. Si vous êtes capable de moduler votre débit en freinant et en accélérant, vous pouvez communiquer avec toutes sortes de personnes.
✓ Utiliser trop de mots ou de sons traduisant une hésitation : il s’agit de ces petits mots ou sons qui interviennent souvent entre deux phrases mais aussi parfois au début ou au milieu d’une idée. Ils ont pour conséquence de hacher votre débit. Ils polluent votre message et rendent son écoute et sa compréhension problématiques.
Ces mots ou sons ne font pas vraiment partie du message, ce sont des tics de langage : heu, hum, et (quand il revient systématiquement sans ce justifier), quoi (en fin de phrase), alors, bon (en début de phrase), tu sais ou vous savez, tu vois ou vous voyez. Utilisés de temps en temps dans un message, ils ne se remarquent pas, mais employés fréquemment, ils déconcentrent l’auditeur et instillent le doute dans son esprit, le poussant à se demander si vous savez vraiment de quoi vous parlez. Voici par exemple une personne qui répond à la question « comment s’est passée la réunion d’hier avec l’équipe ? » :
« Heu, alors la réunion d’hier, heu, s’est plutôt bien passée, quoi. Tu vois, heu, on avait, heu, des problèmes plutôt difficiles à résoudre, mais, tu sais, heu, comment sont certains membres de l’équipe, heu, quand il y a des sujets sensibles à l’ordre du jour, quoi. Bon, tu sais ce qui se passe alors, quoi. Bon, heu, les esprits s’échauffent un peu au départ, quoi, puis, heu, les gens commencent, heu, à chercher des solutions, quoi. Mais tu sais, au finalement, heu, on s’en est plutôt bien sorti, quoi. »
Écouter ce genre de message est un véritable supplice. Et pourtant, cela arrive quand les gens pensent tout haut ou cherchent leurs mots. Pour réduire la fréquence de ces mots d’hésitation, la clé est de mieux utiliser les pauses. Comme mentionné plus haut, les pauses vous permettent de réfléchir et d’adopter un débit plus harmonieux, ce qui rend le message plus agréable à écouter. Voici, à titre de comparaison avec le précédent message, une réponse au cours de laquelle le locuteur parle en effectuant quelques pauses grâce aux points posés oralement à la fin de chaque phrase :
« La réunion d’hier avec l’équipe s’est bien déroulée. Des problèmes épineux étaient à l’ordre du jour et il y a eu quelques réactions épidermiques en début de réunion. Nous avons malgré tout fini par trouver des solutions en impliquant tous les participants. Le résultat final est plutôt satisfaisant.»