- Vous présenterez, en 300 mots - avec une de tolérance de 10 %- une synthèse des trois textes ci-après, en confrontant, sans aucune appréciation personnelle et en évitant autant que possible les citations, les divers points de vue exprimés par leurs auteurs.
- Indiquez, en fin de copie, le nombre de mots utilisés
- Texte1: Jacques Testart, l'Oeuf transparent, 1986.
- Texte 2: René Frydman, L'irrésistible désir de naissance , 1986
- Texte3: Henri Tinq, Journal "Le Monde", 16 décembre1986.
Texte 1 :
La biologie est à la mode. Elle fascine et elle inquiète à la fois, comme la physique d'il y a un demi-siècle ; mais la physique atomique menaçait et continue de menacer les peuples, alors que la biologie médicale ne concernerait que les individus qu'elle soigne. On ignore encore si l'assistance prêtée par la médecine aux couples stériles peut modifier l'enfant conçu en laboratoire par rapport à tous les autres conçus dans un lit, ou dans un escalier. Risquons que personne ne saura découvrir une différence quand bien même un prix Nobel aurait offert sa semence qui n'est rien d'autre qu'une semence de vieillard. Risquons que l'enfant restera indemne de la caution institutionnelle apportée à des déviations obligées : celle de l'adultère par bocal interposé quand papa n'est pas le père, comme pour l'insémination avec donneur, ou celle de l'autonomie éjaculatoire quand maman était absente au moment décisif, comme pour la fécondation in vitro. Tant qu'on ne s'attaquera pas à l'identité de l'œuf ou à la production massive d'êtres semblables entre eux, les enfants issus de la procréation assistée devraient bien ressembler aux enfants du hasard. Mais la seule rumeur autour de ces « enfants de la science » influencera autant qu'eux-mêmes leurs contemporains nés de façon traditionnelle […]
Il nous reste quelques années heureuses avant d'être capables de manipuler le génome humain, mais on sait déjà établir la carte génétique qui est la véritable carte d'identité ; on sait aussi reconnaître de plus en plus tôt les futurs indésirables, porteurs d'écarts irréversibles à la norme. En toute logique, certains souhaitent généraliser ces diagnostics pour contredire des mariages ou éviter des naissances car il y va, paraît-il, de la qualité d'une société moderne. Puisque, pour les tares (1) les plus importantes, l'élimination du fœtus est déjà pratiquée, une fois encore la définition d'un seuil se pose, celui qui fait que l'homme devient intolérable pour l'homme.
On l'a dit, l'enjeu immédiat et grandiose pour les méthodes de procréation assistée passe par les techniques identitaires. Je crois que le moment est venu de faire une pause, c'est le moment d'autolimitation du chercheur. Le chercheur n'est pas l'exécuteur de tout projet naissant dans la logique propre de la technique. Placé au creuset de la spirale des possibles, il devine avant quiconque où va la courbe, ce qu'elle vient apaiser, mais aussi ce qu'elle vient trancher, censurer, renier. Moi, « chercheur en procréation assistée », j'ai décidé d'arrêter. Non pas la recherche pour mieux faire ce que nous faisons déjà, mais celle qui œuvre à un changement radical de la personne humaine là où la médecine procréative rejoint la médecine prédictive. Que les fanatiques de l'artifice se tranquillisent, les chercheurs sont nombreux et j'ai conscience, sur ce point, d'être isolé. Que les hommes inquiets, ceux qu'on nommait « humanistes » et qu'on dit aujourd'hui « nostalgiques », s'interrogent. Qu'ils le fassent vite.
Décidant de ne pas œuvrer dans les techniques identitaires, je n'ai pas eu à demander un avis aux comités d’éthique, mais d'autres qui s'emparent du grand sujet tout neuf le font aussi sans avoir rien demandé. Je sais le danger d'une perte de prestige pour mon laboratoire. On existe moins si on n'avance pas devant ou avec ses confrères. La recherche scientifique a sa propre logique qui ne doit pas se confondre avec la dynamique aveugle du progrès. La logique de la recherche s'applique même à ce qui est encore privé de l'odeur du progrès mais on peut ne pas l'appliquer à ce qui a déjà le goût d'un énorme danger pour l'homme. Je revendique aussi une logique de la non-découverte, une éthique de la non-recherche. Qu'on cesse de faire semblant de croire que la recherche serait neutre, seules ses applications étant qualifiées de bonnes ou mauvaises. Qu'on démontre qu'une seule fois une découverte n'a pas été appliquée alors qu'elle correspondait à un besoin préexistant ou créé par elle-même. C'est bien en amont (2) de la découverte qu'il faut opérer les choix éthiques.
Au Congrès international de Vienne sur la FIVETE (3), en avril 1986, de nombreux embryologistes étaient sollicités de présenter l'état de leurs travaux chez l'animal. Parmi eux Steve Malte Willadsen (4) qui, après avoir fabriqué des chimères chèvre-mouton en fusionnant les embryons des deux espèces, vient d'obtenir trois agneaux par la technique du clonage. Il commence ainsi son exposé : « J'ai lu récemment la déclaration d'une commission de médecins de la CEE (5) impliqués dans la FIVETE et mettant en garde contre des manipulations abusives de l'œuf humain ; en particulier le clonage y est fermement condamné. Alors je voudrais vous poser une question : « Pourquoi m'avez-vous demandé de venir ici faire cet exposé ? »… Willadsen est un provocateur. Il y a quelques années, il avait lancé dans une discussion scientifique : « Donnez-moi un œuf de souris et un œuf humain, si je le veux je vous fabrique une chimère...».Le microcosme des fiveteurs (6) en mal de premières a besoin de provocateurs. Ils révèlent le non-dit du discours officiel à label scientifique, ils disent qu'ici cela sent le soufre quand tous les autres se bouchent le nez.
Prétendre à une éthique de la non-recherche, c'est refuser la conception simpliste du bien-fondé d'un enchaînement automatique des recettes. C'est aussi le projet ambitieux de comprendre ce qu'on a déjà fait et une tentative pour théoriser ce qu'on doit faire encore. C'est donc ressentir la nécessité comme charnelle de participer à une réflexion multidisciplinaire sur le sens de la production scientifique.
Jacques TESTART (né en 1939), L’œuf transparent, Les Editions Flammarion, Collection Champs, 1986.
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1) Défectuosité héréditaire, plus ou moins grave, d'ordre physique ou psychique. 2) « en amont de » : au-dessus de. 3) FIVETE : Fécondation in vitro et transfert d’embryon. 4) S. M. Willadsen, né en 1944, est un scientifique danois ; il est reconnu comme étant le premier à avoir cloné un animal de ferme en utilisant le transfert nucléaire. 5) La Communauté Economique Européenne. 6) Néologisme signifiant « les partisans de la Fivete »
Texte 2 :
Les scientifiques sont accusés de mener une politique de petits pas et de faits accomplis, qui force la société à ajuster sa morale. L'esquive des pouvoirs publics est remarquable. Les problèmes posés sur le papier n'agitent le monde administratif et politique qu'une fois devenus réalités et amplifiés par les médias. Examinons par exemple le thème du choix du sexe de l'enfant à venir :
L'ovule est toujours porteur du chromosome X. C'est le spermatozoïde qui détient la clé du sexe ; s'il est porteur du chromosome Y, ce sera un garçon (YX), du chromosome X ce sera une fille (XX). Quand elle sera possible, la fécondation de l'ovule par l'ovule aboutira automatiquement à une fille. En attendant, les femmes font appel à l'homme pour avoir des « filles qui ne leur ressemblent pas »... Du coup elles sont soumises aux lois du hasard.
Pour choisir le sexe, tous les rituels se sont révélés inefficaces (une fois sur deux). Hippocrate conseillait de se tourner du côté droit pour un garçon, du côté gauche pour une fille. Anaxagoras allait jusqu'à préconiser l'ablation du testicule droit pour un garçon et vice versa. Les croyances populaires insistent sur la dépose du placenta au pied d'un noyer pour favoriser le sexe opposé de l'enfant suivant, etc. Maintenant les scientifiques mettent leur grain de sel (1). Ils proposent un régime alimentaire : la prévalence du sodium ou du potassium serait susceptible de faire le tri des spermatozoïdes, mais il s'avère que là encore les résultats ne sont pas encore à la hauteur des espérances.
Reste la possibilité de sélectionner les spermatozoïdes au laboratoire. Différentes techniques permettant la séparation des X et des Y seront bientôt au point. Va-t-on attendre que les techniques soient réalisées ? Ne peut-on pas dès aujourd'hui réfléchir aux conséquences : on demandera au médecin de pratiquer une insémination dûment sélectionnée (grand cru Y ou grand cru X). Ou mieux encore, lorsque le sexe des embryons sera identifiable, on demandera au centre FIVETE de ne transférer que les bleus et de laisser les roses ou vice versa.
Existe-t-il une liberté totale de l'individu sur sa descendance ? Le médecin doit-il être sollicité même lorsqu'il n'y a aucun problème thérapeutique sous-jacent ?
L'Académie des Sciences médicales suisse, quant à elle, a déclaré interdire les mesures visant à exercer une influence quelconque sur le sexe ou sur d'autres propriétés de l'enfant. En France, le Comité national d'Ethique a également pris une position dans ce sens et fait part de certaines de ses conclusions dans le domaine de la reproduction. Cependant, il ne semble pas qu'il ait les moyens de voir appliquer ses recommandations, puisque par exemple son avis défavorable sur les mères porteuses reste sans conséquences ; bien qu'à mes yeux indispensable, il faut se poser la question de l'utilité d'un tel Comité, s'il en est réduit à émettre des vœux pieux.
Pourtant le catalogue des expériences possibles que je viens de survoler devrait suffire à proposer un cadre défini pour l'exercice de la « gamétologie » (2). Il n'est pas superflu que les futurs centres de périconception (si l'idée de centres est retenue) soit sous surveillance et au-dessus de tout soupçon. De telle sorte qu'il y ait un regard sur les résultats chiffrés du traitement de la stérilité, sur les innovations techniques proposées et les directions de recherche envisagées. Enfin, la vente ou l'achat de gamètes devraient être clairement interdits. Mais une planification des centres de périconception se heurte au laxisme actuel, je crains que tout cela n'aboutisse qu'à des regrets bien tardifs.
Une confusion laisserait croire que les médecins et les chercheurs demandent une législation sur la recherche scientifique. Le problème se situe à un autre niveau, laissons les chercheurs chercher, mais définissons le lieu et l'efficacité de la médecine et surtout du droit des patients à être traités avec sérieux et compétence.
Soit l'individu est en droit d'exiger que la société mette à sa disposition toutes les techniques disponibles, soit la société peut imposer des limites à l'autonomie de l'individu.
« Il est urgent de ne pas légiférer », a-t-on entendu depuis trois ans à la Chancellerie (3) comme à la Direction générale de la Santé. « Pourquoi édicter des règles que l'on ne pourra respecter ? » « De toute façon cela se fera! » Doit-on pour autant démissionner ? Ce libéralisme sans principe n'est qu'une politique de l'autruche. C'est oublier la valeur symbolique de la Norme et du Droit. L'expérience nous enseigne tous les jours que les problèmes moraux deviennent plus difficiles au fur et à mesure que nos propres progrès techniques nous donnent plus d'efficacité.
René FRYDMAN, L’irrésistible désir de naissance, Presses Universitaires de France (P.U.F), 1986
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1) Interviennent dans la discussion, apportent leurs contribution. 2) Néologisme signifiant la science qui a pour tâche l’étude de la cellule reproductrice sexuée possédant la moitié des chromosomes des autres cellules de l'organisme (génome; haploïde), et qui, en s'unissant à une cellule reproductrice de sexe opposé, forme l'œuf (zygote) d'où sortira un nouvel être vivant (Gamète mâle : spermatozoïde ; gamète femelle : ovule). 3) Administration centrale du Ministère de la Justice.
Texte 3 :
Le bébé-éprouvette divise les théologiens
Pour ou contre la pilule ? La question a été tranchée comme l'on sait par Rome (1), et il n'est pas faux de dire que la rupture de beaucoup de catholiques avec leur Eglise date d'Humanae vitae, l'encyclique de Paul VI, en 1968 (2).
A la demande de « sexe sans bébé » a succédé celle de « bébé sans sexe ». Moins de vingt ans après, l'Eglise est affrontée à une nouvelle question : peut-on accepter les techniques médicales nouvelles susceptibles de révolutionner des principes fondamentaux de la doctrine catholique sur le statut de l'embryon humain, l'union sexuelle et la procréation ?
Une fois de plus, sur le double terrain du progrès scientifique et de la sexualité, l'Eglise catholique se trouve tiraillée, comme le montrent les discussions de ses moralistes et de ses médecins et la laborieuse mise au point d'un texte du Vatican : annoncé comme « imminent » en juillet dernier par le cardinal Ratzinger, préfet de la congrégation pour la doctrine de la foi, il a été à plusieurs reprises reporté depuis. Sa prise de position ne devrait pas être éloignée d'une triple mise en garde touchant successivement au désir d'enfant, à la responsabilité du couple, à la protection de l'embryon.
Deux enfants « catholiques »
Des chercheurs, des médecins catholiques n'ont pas attendu les consignes du magistère de l'Eglise pour faire naître des bébés par des procédés, comme l'insémination artificielle ou la fécondation in vitro (FIVETE), éloignés de 1’« ordre naturel », le seul que connaisse la théologie classique de l'Eglise.
Avant Emilie, née à la clinique Saint-Philibert, dépendant de l'Institut catholique de Lille (Le Monde du 15 octobre), un premier bébé-éprouvette « catholique » était né, le 17 Juin 1986, à la maternité Bon-Secours, à Paris, mettant fin à la stérilité d'un couple suivi depuis plus de treize ans.
Il s'agit, pour ces médecins catholiques, de répondre à un souci de performance technique, mais plus sûrement d'aider des couples qui vivent leur stérilité comme un drame et de répondre à un devoir de « charité évangélique ». L'expérience de la Catho de Lille, dit son recteur, M. Michel Falise, fait partie de notre « mission universitaire et chrétienne ».
Dissocier délibérément l'union sexuelle et la procréation heurte pourtant l'un des principes centraux de la morale catholique exprimée par Humanae Vitae! Et quelques théologiens estiment qu'il y a, dans la fécondation hors de l'utérus de la femme, une « dénaturation » de l'origine de l'être humain. Ils sont rares, mais influents à Rome.
Plus nombreux sont en revanche les moralistes qui considèrent que la procréation artificielle est légitime pour remédier à une stérilité, mais qu'il ne faut pas céder à l'« acharnement procréatif». N'en fait-on pas trop, disent-ils, par rapport aux besoins réels ? Ne fait-on pas plus de cas de l'enfant désiré que de l'enfant né ? La « contradiction » d'une société qui, d'un côté, désire l'enfant et y met le prix et, de l'autre, légalise l'avortement est également mise en cause.
La règle classique de l'Eglise est la responsabilité exclusive du couple Marié dans la procréation. C'est vrai de la procréation naturelle. Cela doit le rester de la procréation artificielle. Ce qui veut dire que la grande majorité des moralistes catholiques et la totalité des épiscopats des pays concernés refusent l'insémination artificielle avec donneur extérieur (IAD), les dons d'ovules et la pratique des mères porteuses. Les questions de filiation, l'identité de l'enfant et la qualité de son éducation, dans une cellule familiale unie, sont en jeu.
Des réserves sont faites même pour l'insémination entre conjoints (IAC), à l'intérieur du couple, car le recueil de sperme (par la masturbation) et la fécondation hors de son lieu naturel dissocient l'acte sexuel et le moment de la conception. Si le document romain devait approuver l’IAC, ce qui est loin d'être acquis, ce serait aux conditions évoquées par le cardinal Lustiger dans sa lettre du 20 novembre aux médecins catholiques : toute fécondation artificielle, par insémination ou in vitro, ne peut se faire que dans le cadre d'un couple stable, marié et elle doit être obtenue seulement à partir du sperme du vrai père et de l'ovule de la vraie mère.
Des conditions très strictes
La protection de l'embryon est le point le plus délicat et le plus débattu. La principale inquiétude de l'Eglise catholique en ce qui concerne la procréation artificielle vient des risques de destruction, de manipulation et de commercialisation des embryons surnuméraires, conservés par les techniques de congélation.
Il y a là une « impasse éthique » sur laquelle se disputent les spécialistes. « Autant la fécondation in vitro peut être admise comme une méthode de lutte contre la stérilité du couple, dit Mgr Jullien, archevêque de Rennes et président de la commission familiale de l'épiscopat, autant l'utilisation des embryons non implantés pose de très graves problèmes, compte tenu du fait qu'il s'agit d'êtres humains potentiels. »
Les embryons surnuméraires risquent en effet d'être éliminés ou de servir à des manipulations pour les besoins de la recherche scientifique, comme le dépistage des malformations, ce que l'Eglise dit ne pas pouvoir admettre. Le don d'embryon à un couple infécond (adoption avant la naissance) pourrait, à la limite être envisagé, mais à la condition d'un encadrement juridique rigoureux, pour éviter le danger de trafic lié au stockage d'embryons.
Tout développement des procréations artificielles devrait dont être soumis, selon l'Eglise, à de strictes conditions: limitation du nombre des ovules fécondés et implantation de tous les embryons.
Au cœur de ce débat, on retrouve la vieille question du statut de l'embryon, sur laquelle l'Eglise s'est toujours divisée à travers l'histoire entre les partisans de l’ « animation précoce », c'est-à-dire dès la conception de l'appariement des chromosomes, et ceux de l'« animation tardive » de l'embryon humain. Quand l'embryon devient-il une « personne » ?
La procréation artificielle relance la controverse. Dans un texte de la Nouvelle Revue théologique, un théologien belge qualifie la fécondation in vitro d' « avortement volontairement direct ». Jusqu'au quatorzième jour, l'embryon peut se diviser en deux, rappellent deux moralistes catholiques, les Pères Charles Lefebvre et Gérard Mathon : cela exclut donc l'existence, jusqu'à cette date, d'un « individu » (au sens d'indivisible), donc d'une « personne en acte ».
Faut-il condamner la procréation artificielle parce que des risques pèsent sur les embryons surnuméraires ? Faut-il refuser d'avorter une femme dont le diagnostic prénatal s'est révélé positif ? Voilà bien des cas de conscience qui sont le plus souvent traités, face aux drames vécus de la stérilité et des malformations fœtales, dans l'ignorance des prescriptions de l'Eglise, par des praticiens catholiques eux-mêmes.
L'un d'eux dit : « On se pose des questions métaphysiques, alors que ce sont de simples questions de bon sens. L'être humain, pas plus que le Bon Dieu, ne se trouve dans la première rencontre de l'ovule et du spermatozoïde, mais dans l'acceptation, la reconnaissance de ce processus biologique, son insertion dans une relation de couple » Il ajoute : « On veut faire de mon établissement une vitrine de la doctrine catholique. Moi je veux en faire une vitrine de la miséricorde de Dieu... »
Quand il était patriarche de Venise, le cardinal Albino Luciani, futur Jean-Paul Ier, avait chaleureusement félicité les parents d'un bébé-éprouvette et il avait déclaré : « Ils peuvent même avoir un grand mérite devant Dieu pour avoir demandé aux médecins d'intervenir ». Jean-Paul II désavouera-t-il son prédécesseur ?
Henri TINCQ, journal Le Monde, mardi 16 décembre 1986
1) métonymie qui renvoie ici à l'État de la Cité du Vatican. 2) Lettre encyclique du Pape Paul VI sur le mariage et la régulation des naissances dans laquelle l’Eglise insiste sur les valeurs humaines authentiques).
Corrigé de la synthèse de textes
synthèse rédigée
Testart, Frydman et Tinq examinent comment la reproduction artificielle peut être profitable malgré les risques de dérive.
Tout d’abord, quel est l’intérêt de ce genre de recherches ? Pour Jacques Testart, la technique médicale a réussi des réalisations importantes. Grâce au déchiffrement du code génétique, elle peut prévenir les malformations et éliminer les fœtus indésirables. Malgré quelques réserves, René Frydman reconnaît l’importance d’éventuels centres médicaux spécialisés dans le traitement de la stérilité. Quant à Henri Tincq, il est persuadé que les médecins pratiquant la fécondation in vitro agissent par charité chrétienne car ils portent secours à des personnes stériles en détresse.
Mais l’utilité des biotechnologies fait-elle l’unanimité ? Tincq rapporte le débat au sein de l’Eglise autour de la FIVETE. Celle-ci est considérée par certains opposants comme une activité contre-nature puisque la fécondation se fait en dehors de l’utérus maternel. Frydman, en évoquant le choix du sexe du bébé, trouve intolérables la sélection des spermatozoïdes ou le tri des embryons et il met en garde contre la commercialisation de ces derniers. Par ailleurs, ces nouvelles techniques soulèvent le problème de l’identité, ajoute Testart, car elles risquent de produire des multitudes identiques ou encore pire, générer des monstres.
Alors que faire pour limiter ces risques ? Jacques Testart décide tout simplement d’arrêter la recherche. Pour lui, il est nécessaire de marquer une pause afin de dresser le bilan et de réfléchir au futur. Tincq soutient que la fécondation artificielle peut être un acte louable, à condition qu’elle reste dans la limite des besoins réels et qu’elle se fasse dans le cadre d’un couple légitime. Pour Frydman enfin, les déclarations de certains organismes non officiels interdisant la manipulation des embryons sont insuffisantes, il est urgent d’imposer une réglementation stricte et contraignante mais qui prend en compte l’intérêt de tous.