Atala est un roman de François-René Chateaubriand, publié en 1801 sous le titre Atala, ou les amours de deux sauvages dans le désert. Il a été remanié et réédité en 1805 avec René. Partie d'une épopée inachevée sur les Indiens, l'œuvre raconte l'histoire d'une jeune Euro-Américaine qui a juré de rester célibataire, mais qui tombe amoureuse d'un homme de la tribu des Natchez. Tiraillée entre l'amour et la religion, elle s'empoisonne pour ne pas rompre son vœu. Le décor luxuriant de la Louisiane et le jeu de la passion romantique dans un environnement américain primitif sont saisis dans un style de prose riche et harmonieux, qui donne vie à de nombreux beaux passages descriptifs.

Résumé d'Atala

En 1725, sur les bords du Meschacebé (Mississippi) décrits dans le prologue, Chactas, un vieillard aveugle de la tribu des Natchez, adopte pour fils un émigré français, René, auquel il fait le récit de son existence. Vaincu par la tribu ennemie des Musco-gulges, Chactas a été recueilli à dix-sept ans par un Espagnol nommé Lopez. Cependant, après quelques mois, il a décidé de retourner à la vie sauvage. Capturé sur le chemin du retour par ses ennemis, il ne dut qu’à Atala, la jeune fille du chef éprise de lui, d’éviter le bûcher. Durant leur fuite passionnée, celle-ci lui révèle qu’elle est de confession chrétienne. Ils sont alors repris et Atala le sauve une seconde fois ; elle semble néanmoins, dès le départ, porteuse d’un terrible secret. Errant dans un paysage semi-désertique, les amants sont surpris par un violent orage : tandis qu’ils s’en abritent sous un bouleau, Atala révèle à Chactas que son véritable père n'est autre que Lopez. Le couple trouve alors providentiellement refuge dans la grotte du P. Aubry, ermite dirigeant une Mission. Au retour d’une visite à la Mission, Chactas et le père retrouvent Atala mourante : vouée par sa mère à la virginité, elle s’est en effet administré un poison afin de rester fidèle à ce vœu dont elle ignorait qu’elle put être relevée par un mariage religieux avec Chactas. Atala morte, Chactas refuse toute pompe funèbre et dépose son corps à l’entrée d’une grotte de la Mission. Le narrateur apprend ensuite de la petite-fille de René que le P. Aubry fut plus tard la victime d’un massacre perpétré par les Indiens et que Chactas recueillit ses ossements avec ceux d’Atala. Il fut lui-même assassiné avec son fils adoptif par les Européens prenant possession du territoire des Natchez.

Analyse du roman

►  Atala: un conte américain.

Elaboré d’abord pour Les Natchez, intégré ensuite au Génie du Christianisme, Atala fut publié à part en 1801 et consacra par son succès la véritable entrée en littérature de Chateaubriand. Œuvre extrêmement novatrice par les paysages évoqués, elle fonde sa véracité sur des récits d’explorateurs et sur les souvenirs person­nels de Chateaubriand. L’errance dans les paysages américains pendant la fuite des deux amants fonctionne ainsi comme un pré­texte à la volonté affichée d’un exotisme intégrant au premier plan les vastes espaces du Nouveau Monde, qui forment d’ailleurs l’ou­verture du texte et permettent une fusion des personnages dans une nature sublime. Mais le charme du récit ne tient pas uniquement à ces descriptions ; il est surtout nourri par la richesse et l’acuité stylistiques auxquelles Chateaubriand fut particulièrement atten­tif, entendant rappeler la littérature à ce goût antique, trop oublié de nos jours ( Préface).

Loin de conclure comme Rousseau à un magistère de la nature, il n’entend pas faire l’éloge de la société sauvage, mais montrer à l’inverse que son charme est tributaire de la religion chrétienne.

► Éloge du christianisme.

Sa doctrine et son culte se mêlent merveilleusement aux émo­tions du cœur et aux scènes de la nature.

Affirmant ainsi dans sa Défense du Génie du Christianisme la parfaite adaptation du dogme aux beautés naturelles et à l’affec­tivité, Chateaubriand s’attache à prouver la vérité du christianisme par la beauté de la Création ressentie par un cœur sensible. Le récit d’Atala affirme néanmoins la nécessité de penser cette splendeur toujours en relation avec Celui qui l’a créée, et s’éloigne surtout d’une conception rigoriste du dogme. En effet, l’histoire d’Atala montre qu’il est indispensable de tempérer l’ardeur religieuse par un enseignement, une connaissance, des « lumières » : ce terme atteste la volonté de figurer une religion humaine, dans laquelle les engagements pris par le fidèle ne se retournent pas en vœux morti­fères. Chateaubriand entend ainsi s’écarter de la tradition médié­vale du serment tragique pour lui substituer le visage d'une religion considérée comme un soutien pour l’homme, plus inspirée du message christique d’amour au travers du personnage du père Aubry, dont il affirme dans la Préface qu’il représente le prêtre tel qu'il est.

► La passion romantique dans Atala

L’une des raisons majeures du succès d'Atala consiste bien évi­demment dans la peinture de la passion que présente le récit. La nudité du texte permet d'en concentrer l’action au maximum afin d’orienter progressivement le ton, d’abord proche de la pastorale, vers des accents tragiques où le sublime éclaire la mort des divers personnages. Écartelée entre sa fidélité aveugle au serment de la mère et sa passion pour Chactas, Atala révèle sa grandeur au sein du dilemme qui la brise. Elle inaugure ainsi le mythe de la passion romantique en butte aux exigences de la société (ici l’impératif reli­gieux cannibale) qui semble lier indéfectiblement le désir à la mort ; passion impossible qui se monnaye en sacrifice expiatoire, frayant le chemin à tous ces futurs héros du désir, dont l’existence va se nourrir d’une énergie tout à la fois vitale et consomptible.

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