I- CONTEXTE HISTORIQUE ET BIOGRAPHIQUE 

Biographie courte d’Olympe de Gouges : enfance, mariage, célébrité et mort 

Olympe de Gouges est née à Montauban en 1748, et a bénéficié d’une culture orale. Pendant ses jeunes années elle parlait l’occitan et le français n’était pour elle qu’une seconde langue. Plusieurs la considéraient comme illettrée, et disaient qu’elle n’avait appris que la base d’écriture nécessaire pour pouvoir signer. Mais il s’agit certainement d’une rumeur qui lui était faussement attribuée.

Il courait également des bruits sur ses connaissances intimes, et on disait qu’elle était une femme galante. Même les termes « courtisane » et « fille » sont utilisés.  

A l’âge de 17 ans, en 1765, Olympe de Gouges s’est mariée avec Louis Yves Aubry. Il s’agissait d’un mariage forcé. Peu après la naissance de leur fils, appelé Pierre Aubry, le 19 août 1766, Louis Yves Aubry est décédé. Olympe de Gouges a déménagé à Paris l’année suivante : elle n’est jamais retournée à Montauban, et elle ne s’est jamais remariée non plus.

Durant ses premières années à Paris, Olympe de Gouges fréquentait les salons où elle rencontrait des journalistes, des écrivains et des scientifiques (Mousset 2003 : 37, 42). Son début littéraire est survenu en 1784, lorsqu’elle a écrit Mémoires de Madame de Valmont sur l’ingratitude et la cruauté de la famille des Flaucourts avec la sienne dont les sieurs de Flaucourt ont reçu tant de services. C’est un roman épistolaire autobiographique portant sur sa relation avec le marquis de Pompignan, qu’elle concevait comme son père naturel. Olympe de Gouges a maintenu d’y avoir cité des lettres reçues du marquis, de n’avoir changé que les noms pour préserver la famille de son père.

Puis, Olympe de Gouges a poursuivi sa carrière littéraire en écrivant des drames. La première œuvre dramatique écrite par de Gouges et présentée au comité de lecture de la Comédie-Française est Zamore et Mirza ou l’heureux naufrage en 1785, dans laquelle Olympe de Gouges se prononce en faveur de l’abolition de l’esclavage (Groult 1986 : 22). Cette pièce n’a cependant été jouée que trois fois dans La comédie française par peur du scandale qu’elle pouvait susciter.

Outre des multiples pièces dramatiques, Olympe de Gouges a publié dans la presse, a produit des affiches, des brochures, etc. Mais elle est surtout connue pour La Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne (1791). Elle y réclamait entre autres, le suffrage universel, mais pas au sens où l’entendront les législateurs de 1793 en limitant l'«universalité» au sexe masculin. On y lit également que « Nul ne doit être inquiété pour ses opinions mêmes fondamentales, la femme a le droit de monter sur l’échafaud ; elle doit avoir également celui de monter à la Tribune ».

Olympe de Gouges sera guillotinée le 3 novembre 1793 pour avoir « composé et fait imprimer des ouvrages qui ne peuvent être considérés que comme un attentat à la souveraineté du peuple ». Son exécution intervient dans le contexte de la violente campagne antiféministe qui aboutit le 20 octobre 1793 à la suppression des clubs féminins, dont beaucoup étaient liés au parti des Enragés. 

Contexte historique de la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne

D’abord, le siècle durant lequel Olympe de Gouges a vécu est un siècle avec des progrès scientifiques et philosophiques, liés à la raison. La Déclaration de 1791 est publiée en plein milieu de la Révolution française. Les idées qui y sont présentées par Olympe de Gouges se rangent aux courants dominants à l’époque. Puis, elle a écrit la Déclaration de 1791 en réponse à la Déclaration de 1789 qui prétend déclarer les droits universels de tous, mais qui pourtant oublie la moitié de l’humanité représentée par les femmes. De surcroît, dans la Déclaration de 1791, elle aborde d’autres sujets, tels que l’acte conjugal et les droits des enfants naturels. Les sujets abordés doivent également être compris au regard de la biographie d’Olympe de Gouges. Son propre mariage lui fut imposé, et elle ne se remaria jamais après la mort de son mari. De plus, son père légal meurt lorsqu’elle a deux ans, et son père naturel la quitte. Voici probablement quelques raisons de ses divers engagements qui l’ont poussé à écrire la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne en 1791. 

Confrontation de la déclaration des droits de l'homme et celle des droits de la femme

Préambule de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyenvotée par la Convention Nationale le 23 juin 1793: 

Le peuple français, convaincu que l'oubli et le mépris des droits naturels de l’homme sont les seules causes des malheurs du monde, a résolu d'exposer, dans une déclaration solennelle, ces droits sacrés et inaliénables, afin que tous les citoyens, pouvant comparer sans cesse les actes du gouvernement avec le but de toute institution sociale, ne se laissent jamais opprimer et avilir par la tyrannie; afin que le peuple ait toujours devant les yeux les bases de sa liberté et de son bonheur; le magistrat, la règle de ses devoirs; le législateur, l’ob­jet de sa mission.

En conséquence, il proclame, en présence de l’Être suprême, la Déclaration suivante des Droits de l’Homme et du Citoyen.

 Préambule de la Déclaration des Droits de la Femme et de la Citoyenne, d’Olympe de Gouges, 1791: 

Les mères, les filles, les sœurs, représentantes de la nation, demandent d’être constituées en assemblée nationale. Considérant que l’ignorance, l’oubli ou le mépris des droits de la femme, sont les seules causes des malheurs publics et de la corrup­tion des gouvernements, ont résolu d’exposer dans une déclaration solennelle, les droits naturels, ina­liénables et sacrés de la femme, afin que cette décla­ration, constamment présente à tous les membres du corps social, leur rappelle sans cesse leurs droits et leurs devoirs, afin que les actes du pouvoir des femmes, et ceux du pouvoir des hommes pouvant être à chaque instant comparés avec le but de toute institution politique, en soient plus respectés, afin que les réclamations des citoyennes, fondées désor­mais sur des principes simples et incontestables, tournent toujours au maintien de la constitution, des bonnes mœurs, et au bonheur de tous. En consé­quence, le sexe supérieur en beauté comme en cou­rage, dans les souffrances maternelles, reconnaît et déclare, en présence et sous les auspices de l’Être suprême, les Droits suivants de la Femme et de la Citoyenne.

 

QuestionCommentez, en confrontant les deux Préambules reproduits ci-dessus, les ajouts ou les modifica­tions d’Olympe de Gouges. Quelle est la « valeur » positive, oubliée par les hommes, dont se réclame également la Requête des Dames à l’Assemblée Nationale ?

 

II- DÉCLARATION DES DROITS DE LA FEMME ET DE LA CITOYENNE D’OLYMPE DE GOUGES

Extrait n° 1

Article 1: La femme naît libre et demeure égale à l’homme en droits. Les distinctions sociales ne peuvent être fondées que sur l’utilité commune.

Article 2: Le but de toute association politique est la conservation des droits naturels et imprescriptibles de la femme et de l’homme. Ces droits sont : la liberté, la prospérité, la sûreté et surtout la résistance à l’oppression.

Article 3: Le principe de toute souveraineté réside essentiellement dans la Nation, qui n’est que la réunion de la femme et de l’homme ; nul individu ne peut exercer d’autorité qui n’en émane expressément.

Article 4: La liberté et la justice consistent à rendre tout ce qui appartient à autrui ; ainsi l’exercice des droits naturels de la femme n’a de bornes que la tyrannie perpétuelle que l’homme lui oppose ; ces bornes doivent être réformées par les lois de la nature et de la raison.

Article 5: Les lois de la nature et de la raison défendent toutes actions nuisibles à la société ; tout ce qui n’est pas défendu par ces lois sages et divines ne peut être empêché, et nul ne peut être contraint à faire ce qu’elles n’ordonnent pas.

Article 6: La loi doit être l’expression de la volonté générale : toutes les citoyennes et citoyens doivent concourir personnellement ou par leurs représentants à sa formation ; elle doit être la même pour tous ; toutes les citoyennes et citoyens étant égaux à ses yeux doivent être également admissibles à toutes dignités, places et emplois publics, selon leurs capacités, et sans autres distinctions que celles de leurs vertus et de leurs talents.

Article 7: Nulle femme n’est exceptée ; elle est accusée, arrêtée, et détenue dans les cas déterminés par la loi : les femmes obéissent comme les hommes à cette loi rigoureuse.

Article 8: La loi ne doit établir que des peines strictement et évidemment nécessaires, et nulle ne peut être punie qu’en vertu d’une loi établie et promulguée antérieurement au délit, et légalement appliquée aux femmes.

Article 9: Toute femme étant déclarée coupable, toute rigueur est exercée par la loi.

Article 10: Nul ne doit être inquiété pour ses opinions même fondamentales ; la femme a le droit de monter sur l’échafaud, elle doit également avoir celui de monter à la tribune, pourvu que ses manifestations ne troublent pas l’ordre public établi par la loi.

Article 11: La libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de la femme, puisque cette liberté assure la légitimité des pères envers leurs enfants. Toute citoyenne peut donc dire librement : je suis mère d’un enfant qui vous appartient, sans qu’un préjugé barbare la force à dissimuler la vérité ; sauf à répondre de l’abus de cette liberté dans des cas déterminés par la loi.

Article 12: La garantie des droits de la femme et de la citoyenne nécessite une utilité majeure ; cette garantie doit être instituée pour l’avantage de tous, et non pour l’utilité particulière de celles à qui elle est conférée.

Article 13: Pour l’entretien de la force publique, et pour les dépenses d’administration, les contributions des femmes et des hommes sont égales ; elle a part à toutes les corvées, à toutes les tâches pénibles, elle doit donc avoir de même part à la distribution des places, des emplois, des charges, des dignités et de l’industrie.

Article 14: Les citoyennes et citoyens ont le droit de constater par eux-mêmes ou par leurs représentants la nécessité de la contribution publique. Les citoyennes ne peuvent y adhérer que par l’admission d’un partage égal, non seulement dans la fortune, mais encore dans l’Administration publique et de déterminer la quotité, l’assiette, le recouvrement et la durée de l’impôt.

Article 15: La masse des femmes, coalisée pour la contribution à celle des hommes, a le droit de demander compte à tout agent public de son administration.

Article 16: Toute société dans laquelle la garantie des droits n’est pas assurée, ni la séparation des pouvoirs déterminée, n’a point de constitution. La constitution est nulle si la majorité des individus qui composent la Nation n’a pas coopéré à sa rédaction.

Article 17: Les propriétés sont à tous les sexes réunis ou séparés : elles sont pour chacun un droit inviolable et sacré ; nul ne peut être privé comme vrai patrimoine de la nature, si ce n’est lorsque la nécessité publique, légalement constatée, l’exige évidemment et sous la condition d’une juste et préalable indemnité.

Olympe de Gouges, Déclaration des Droits de la Femme et de la Citoyenne, 1791.

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Questions :  

  1. — Comparez les divers articles des Droits de la Femme et de la Citoyenne à ceux de la Déclara­tion des Droits de l’Homme. Quelles sont les principales revendications d’Olympe de Gouges ?
  2. Au nom de quels principes Olympe de Gouges demande-t-elle que les femmes ne bénéficient pas de l’impunité ou de l’indulgence ? Quelle pouvait être la cause de cette attitude chez les hommes ?

 

Extrait n° 2

Dans la suite de sa Déclaration, Olympe de Gouges propose une Forme du Contrat Social de l'Homme et de la Femme, qui mettrait ceux- ci à égalité de droits et de devoirs dans le mariage. Consciente du tollé que vont soulever ses propositions, elle les légitime par le souci de participer à l'élaboration d'un gouvernement qui, en respectant les lois de la nature, assurerait enfin le bonheur du genre humain tout entier.

A la lecture de ce bizarre écrit, je vois s’élever contre moi les tartuffes, les bégueules, le clergé et toute la séquelle infernale. Mais combien il offrira aux sages de moyens moraux pour arriver à la perfectibilité d’un gouvernement heureux ! J’en vais donner en peu de mots la preuve physique. Le riche Épicurien sans enfants, trouve fort bon d’aller chez son voisin pauvre augmenter sa famille. Lorsqu'il y aura une loi qui autorisera la femme du pauvre à faire adopter au riche ses enfants, les liens de la société seront plus resserrés, et les mœurs plus épurées. Cette loi conservera peut- être le bien de la communauté, et retiendra le désordre qui conduit tant de victimes dans les hospices de l’opprobre, de la bassesse et de la dégénération des principes humains, où, depuis longtemps, gémit la nature. Que les détracteurs de la saine philosophie cessent donc de se récrier contre les mœurs primitives, ou qu’ils aillent se perdre dans la source de leurs citations.

Je voudrais encore une loi qui avantageât les veuves et les demoiselles trompées par les fausses promesses d’un homme à qui elles se seraient attachées : je voudrais, dis-je, que cette loi forçât un inconstant à tenir ses engagements, ou à une indemnité proportionnelle à sa fortune. Je voudrais encore que cette loi fût rigou­reuse contre les femmes, du moins pour celles qui auraient le front de recourir à une loi qu’elles auraient elles-mêmes enfreinte par leur inconduite, si la preuve en était faite. Je voudrais, en même temps, comme je l’ai exposé dans Le bonheur primitif de l’homme, en 1788, que les filles publiques fussent placées dans des quartiers dési­gnés. Ce ne sont pas les femmes publiques qui contribuent le plus à la dépravation des mœurs, ce sont les femmes de la société. En restaurant les dernières, on modifie les premières. Cette chaîne d’union fraternelle offrira d’abord le désordre, mais par les suites, elle produira à la fin un ensemble parfait.

J’offre un moyen invincible pour élever l’âme des femmes ; c’est de les joindre à tous les exercices de l’homme : si l’homme s’obstine à trouver ce moyen impratica­ble, qu’il partage sa fortune avec la femme, non à son caprice, mais par la sagesse des lois. Le préjugé tombe, les mœurs s’épurent, et la nature reprend tous ses droits. Ajoutez-y le mariage des prêtres ; le Roi, raffermi sur son trône, et le gouvernement français ne saurait plus périr.

Il était bien nécessaire que je dise quelques mots sur les troubles que cause, dit-on, le décret en faveur des hommes de couleur, dans nos îles. C’est là où la nature frémit d’horreur ; c’est là où la raison et l’humanité, n’ont pas encore touché les âmes endurcies ; c’est là surtout où la division et la discorde agitent leurs habi­tants. Il n’est pas difficile de deviner les instigateurs de ces fermentations incen­diaires : il y en a dans le sein même de l’Assemblée Nationale : ils allument en Europe le feu qui doit embraser l’Amérique. Les Colons prétendent régner en despotes sur des hommes dont ils sont les pères et les frères ; et méconnaissant les droits de la nature, ils en poursuivent la source jusque dans la plus petite teinte de leur sang. Ces Colons inhumains disent : notre sang circule dans leurs veines, mais nous le répan­drons tout, s’il le faut, pour assouvir notre cupidité, ou notre aveugle ambition. C’est dans ces lieux les plus près de la nature, que le père méconnaît le fils, sourd aux cris du sang, il en étouffe tous les charmes ; que peut-on espérer de la résistance qu’on lui oppose ? La contraindre avec violence, c’est la rendre terrible, la laisser encore dans les fers, c’est acheminer toutes les calamités vers l’Amérique. Une main divine sem­ble répandre partout l’apanage de l’homme, la liberté ; la loi seule a le droit de répri­mer cette liberté, si elle dégénère en licence ; mais elle doit être égale pour tous, c’est elle surtout que doit renfermer l’Assemblée Nationale dans son décret, dicté par la prudence et par la justice. Puisse-t-elle agir de même pour l’état de la France, et se rendre aussi attentive sur les nouveaux abus, comme elle l’a été sur les anciens qui deviennent chaque jour plus effroyables ! 

Déclaration des Droits de la Femme et de la Citoyenne, 1791.

 

Texte écho: Theroigne de Mericourt, 1792

Theroigne de Mericourt, la plus célèbre des Amazones Révolutionnaires harangua le 25 mars 1792 en ces termes les femmes du faubourg Saint-Antoine :

«... Armons-nous, nous en avons le droit par la nature et même par la loi. Montrons aux hommes que nous ne leur sommes inférieures, ni en vertus, ni en courage... On va essayer de nous retenir en employant les armes du ridicule... Mais, nous nous armerons parce qu'il est raisonnable que nous nous préparions à défendre nos droits, nos foyers, et que nous serions injustes à notre égard et responsables à la Patrie, si la pusillanimité que nous avons contractée dans l'esclavage avait encore assez d'em­pire pour nous empêcher de doubler nos forces... Il est temps que les femmes sortent de leur honteuse nullité. Les hommes prétendent-ils seuls avoir des droits à la gloire ? Nous aussi voulons briguer une couronne civique et briguer l'honneur de mourir pour une liberté qui nous est peut-être plus chère qu'à eux, puisque les effets du despotisme s'appe­santissent encore plus durement sur nos têtes que sur les leurs... Armons-nous : allons nous exercer trois fois par semaine aux Champs-Elysées, ouvrons une liste d'Amazones I...»

Theroigne de Méricourt, Harangue prononcée sur la place Louis XIII, le 25 mars 1792.

 

 III- LES FEMMES ET LA RÉVOLUTION

22 décembre 1789 : Les femmes sont exclues du droit électoral.

janvier 1790 : Théroigne de Méricourt fonde avec Romme et Lanthenas le Club des Amies de la Loi.

février 1790 : Dansard fonde la Société fraternelle 'es patriotes de l’un et l'autre sexe.

3 juillet 1790 :            Condorcet, Sur l'Admission des femmes au droit de cité.

1790 : Etta Palm d'Aelders fonde la Société patriotique et de bienfaisance des Amies de la Vérité.

juillet 1791 : Etta Palm décrétée d'arrestation. Olympe de Gouges : Les Droits de la Femme et de la citoyenne.

1791-1792 : Développement des clubs féminins.

30 août 1792 : Loi sur le divorce.

20-25 septembre 1792 : Les femmes sont admises comme témoins à l'état-civil.

10 mai 1793 : Formation de la Société des Républicaines - Révolutionnaires, qui se lie aux Enragés.

24 juin 1793 : Vote de la Constitution de 93, excluant les femmes des droits politiques.

20 octobre 1793 : Dissolution des clubs de femmes.

novembre 1793 : Exécution d'Olympe de Gouges et e Mme Roland.

24 mai 1795 : Décret de la Convention du 4 prairial an III : «toutes les femmes se retireront jusqu'à ce qu'autrement soit ordonné, dans leurs domiciles res­pectifs : celles qui, une heure après l'affichage du pré­sent décret seront trouvées dans les rues, attroupées au-dessus du nombre de cinq, seront dispersées par la force armée et successivement mises en état d'arresta­tion jusqu'à ce que la tranquillité publique soit rétablie dans Paris. »

mars 1800 : Interdiction aux femmes du port He la cocarde, sous le motif suivant : «sinous voulons faire du port de la cocarde une institution respectable, ne confondons plus la destination des sexes. » 

 

IV- La cause de la mort d’Olympe de Gouges : article publié dans Le moniteur universel, 1793

Aux Républicains.

En peu de temps le tribunal révolutionnaire vient de donner aux femmes un grand exemple qui ne sera sans doute pas perdu pour elles ; car la justice, toujours impartiale, place sans cesse la leçon à côté de la sévé­rité.

Marie-Antoinette, élevée dans une cour perfide et ambitieuse apporta en France les vices de sa famille ; elle sacrifia son époux, ses enfants et le pays qui l'avait adoptée aux vues ambitieuses de la maison d'Autriche, dont elle servait les projets, en disposant du sang, de l’argent du peuple et des secrets du gouvernement. Elle fut mauvaise mère, épouse débauchée, et elle est morte chargée des imprécations de ceux dont elle avait voulu consommer la ruine. Son nom sera à jamais en horreur à la postérité.

Olympe de Gouges, née avec une imagination exal­tée prit son délire pour une inspiration de la nature. Elle commença par déraisonner et finit par adopter le projet des perfides qui voulaient diviser la France ; elle voulut être homme d'État, et il semble que la loi ait puni cette conspiratrice d'avoir oublié les vertus qui conviennent à son sexe.

La femme Roland, bel esprit à grands projets, philo­sophe à petits billets, reine d'un moment, entourée d'écrivains mercenaires, à qui elle donnait des soupers, distribuait des faveurs, des places et de l'argent, fut un monstre sous tous les rapports. Sa contenance dédai­gneuse envers le peuple et les juges choisis par lui, l'opiniâtreté orgueilleuse de ses réponses, sa gaîté iro­nique et cette fermeté dont elle faisait parade dans son trajet du palais de justice à la place de la Révolution prouve qu'aucun souvenir douloureux ne l'occupait. Cependant elle était mère, mais elle avait sacrifié la nature, en voulant s'élever au-dessus d’elle ; le désir d'être savante la conduisait à l'oubli des vertus de son sexe, et cet oubli, toujours dangereux, finit par la faire périr sur l’échafaud.

 

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