Marc Nouschi, professeur d’analyse économique et d’histoire des sociétés contemporaines en prépa commerciale option écono­mique, témoigne : « Entrer en prépa correspond à une décision qu’il ne faut surtout pas prendre à la légère. Cette voie d’études supé­rieures présente certes de nombreux avantages, mais elle est également porteuse de plusieurs importantes contreparties qu’il est prudent de bien avoir à l’esprit avant de s’engager, car ensuite, il faudra assumer. Pour par­ler net, disons que de telles études ne sont pas à mettre entre toutes les mains. Etre bon élève est une condition nécessaire mais non suffisante. On peut être bon élève et ne pas avoir le “profil prépa”, surtout si on est admis dans une prépa prestigieuse, dans un grand lycée. Plus que de se demander si on est prêt pour une prépa, il faut se demander si on est prêt pour la prépa dans laquelle on envisage d’être admis. »

Ce témoignage montre que la question du choix de la prépa doit être traitée en fonction non seulement de la poursuite d’études envisagée mais aussi du profil du candidat.

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 I- UNE PRÉPA : POUR QUOI FAIRE ?


Les CPGE (classes préparatoires aux grandes écoles) visent avant tout à préparer les bacheliers ES à réussir les concours d’entrée dans les écoles de commerce, les ENS (écoles normales supérieures) mais aussi les IEP (instituts d’études politiques), Saint-Cyr, etc. : des établissements d’ensei­gnement supérieur sélectifs à l’entrée, qui conduisent à une qualification professionnelle de niveau « cadre supérieur et professions intellectuelles supérieures ». Mais, comme le fait remarquer Claude-Danielle Echaudemaison, professeur en classe préparatoire au lycée Marcellin- Berthelot à Saint-Maur, « il est vrai que chaque année, dans certaines pré­pas moyennement classées, on voit des élèves non admis à ces écoles se présenter à d’autres concours, ou demander à une université une équivalence en vue de poursuivre leurs études en fac ».

1- Les grandes écoles en ligne de mire

Écoles de commerce. Pour certaines écoles, le passage par une classe prépa est quasi obligé, HEC par exemple. Une quarantaine d’écoles recrutent après un bac+2 et proposent un parcours de trois années d’études (sortie à bac+5). C’est ce type d’établissement que vous vous préparerez à intégrer si vous passez par une prépa.

IEP. Neuf IEP (instituts d’études politiques) proposent leur formation pluridisciplinaire en France : Paris (le plus sélectif), Aix, Bordeaux, Grenoble, Lille, Lyon, Strasbourg, Rennes et Toulouse. Pour ces établissements, l’admission normale se fait sur concours « niveau bac », mais une part importante des admis le sont à l’issue d’une année de classe préparatoire.

ENS. Il existe quatre ENS (écoles normales supérieures) qui forment des enseignants, des universitaires et des cadres de très haut niveau pour les organismes de recherche, les administrations et les entreprises. Il s’agit de l’ENS (ex-Ulm, à Paris), l’ENS Lyon, l’ENS LSH à Lyon et l’ENS Cachan. Sélectionnés par concours, les admis aux ENS s’engagent dans quatre années d’études ou plus pour ceux qui poursuivent en thèse.

Écoles d’économie et de statistiques. L’ENSAE (Ecole nationale de la statistique et de l’administration économique) et l’ENSAI (Ecole nationale de la statistique et de l’analyse de l’information) recrutent sur concours des élèves de khâgne B/L pour l’ENSAE et de khâgne B/L et Prépa ENS Cachan D1 et D2 pour l’ENSAI.

D’autres écoles peuvent être préparées via une classe préparatoire : Saint- Cyr, les écoles de journalisme et de nombreuses écoles tertiaires ou administratives.

2- De larges possibilités d’orientation

Intégrer une grande école est loin de suffire à rendre compte de la multiplicité des motivations qui conduisent un élève de classe prépa à emprunter cette voie.

Enseignement de haut niveau. Les classes prépas correspondent à une filière d’études de haut niveau d’enseignement général (élèves triés à l’entrée, professeurs généralement choisis parmi les meilleurs, encadrement garanti par des effectifs de type lycée et des équipes pédagogiques très dévouées, rythme de travail soutenu). Ce qui permet de se donner deux ans encore avant de définir précisément son projet professionnel.

Poursuite d’études. Grâce à l’enseignement général et aux solides méthodes de travail acquises, vous disposerez d’une large palette de possibilités d’orientation à l’issue des deux années. Si vous découvrez en cours de route que votre destinée d’élève d’une prépa commerciale n’est pas d’intégrer une grande école de commerce et de gestion, rien ne pourra vous empêcher de vous réorienter vers une poursuite d’étude à l’université, une école de journalisme ou de vous orienter en vue d’une carrière administrative. C’est ainsi qu’a raisonné Michel, élève de prépa commerciale au lycée Bonaparte à Toulon : «Je sentais qu’au mieux, j’allais réussir à me faire admettre dans une école de commerce de second rang. Je n’étais pas à la hauteur des autres. J’ai anticipé ce risque en me présentant à trois concours en vue d’entrer dans un IUP de commerce international. Bien m’en a pris : j’ai été reçu à l’un d’entre eux et cela nia permis de ne pas redoubler ma classe prépa, en m’ouvrant les portes d’une forma­tion universitaire de qualité. » Attention néanmoins, tout n’est pas permis. Entrer en prépa commerciale ne vous permettra pas de bifurquer vers le droit par exemple, sauf à revenir en arrière dans vos études.


II- AI-JE LE PROFIL DES CLASSES PRÉPARATOIRES ?


Un candidat à l’admission dans une CPGE ne doit jamais perdre de vue un double principe : il faut d’une part apprendre à choisir la prépa qui correspond à ses capacités, mais il faut aussi avoir le profil qui donne aux responsables des jurys l’envie de vous recruter.

1- Des prépas de différents niveaux

Soyons clairs : toutes les prépas n’ont pas le même niveau. « C’est un peu comme dans le football, nous dit un élève de prépa commerciale : que vous soyez membre d’une équipe professionnelle qui joue en ligue 1 ou 2 ou amateur, vous pratiquez partout le même sport, avec les mêmes règles de jeu, mais ce n’est évidemment pas au même niveau. Les concours c’est pareil : entre celui d’HEC et celui d’une petite ESC de province, les épreuves sont basées sur les mêmes programmes, mais il y a une grande différence de niveau. »

Ainsi, le profil attendu pour avoir des chances d’être admis en prépa commerciale au lycée Henri-lV de Paris, une des meil­leures, est différent de celui d’une autre prépa, classée en queue de liste du palmarès des résultats.

« On a assisté ces dernières années à une sorte de spécialisation des classes préparatoires, déclare Pierre Pellé, directeur du lycée Teilhard-de- Chardin de Saint-Maur. Il y a celles qui parviennent chaque année à conduire une part importante de leurs élèves à la réussite aux concours d’écoles de haute réputation, celles qui visent plutôt des écoles de second rang, celles enfin dont une majorité des élèves ne parvient qu’à intégrer des écoles faiblement réputées. Les premières, les plus demandées, peu­vent se permettre de n’admettre en leur sein que de très bons élèves. Dans ces prépas, on pratique un sport scolaire de très haut niveau. A l’autre bout de l’échelle, certaines classes à résultats modestes admettent des can­didats de niveau moyen, lesquels auront au bout de deux ans de modestes potentiels de réussite à l’entrée des écoles les plus prestigieuses. »

Sachez que le total cumulé des candidats que les prépas commerciales présentent aux divers concours chaque année est presque équivalent à celui du nombre global de places offertes par les diverses écoles qui recru­tent dans ce vivier. « En stock, il y a donc assez de place pour tous les élèves, dans toutes les prépas commerciales de France. »

2- «Accrocheur et motivé»

Compétences transversales. En dehors de la composante disciplinaire de votre profil, on tiendra également compte, quelle que soit la prépa demandée, de vos compétences transversales, et tout particulièrement de votre apti­tude à faire face au travail intense qui vous attend : les rythmes sont sans commune mesure avec ceux que vous avez connus en terminale et l’exi­gence quotidienne de travail est soutenue. On essaiera de percevoir votre équilibre psychologique aussi, notamment pour celles et ceux qui sollici­tent une classe prépa avec internat et qui pourraient ne jamais avoir vécu cela auparavant.

Les qualités. Ces éléments transparaissent à travers les appréciations qualita­tives qui sont portées par écrit par les professeurs et le chef d’établissement sur chacun de vos dossiers de candidature. Comme le constate Marc Nouschi, professeur d’analyse économique et d’histoire des sociétés contemporaines en prépa commerciale option économique : « Au-delà des bonnes notes, qui doivent évidemment apparaître dans le dossier de candidature, nous cherchons avant tout des élèves qui “en veulent”, auxquels l’esprit de compétition, la capacité à développer un travail intense et régulier, ne fait pas défaut, qui ne se découragent pas au premier échec venu, même si leur prof le commente avec rudesse. Bref : nous recherchons des élèves accrocheurs et très motivés. »


III- COMMENT RÉUSSIR SA PRÉPA ?


Compte tenu des importantes contraintes qui vous y attendent, mais aussi de la chance énorme que vous avez si votre candidature est retenue, nous vous donnons quelques conseils susceptibles de tirer de votre prépa tout le profit que vous pouvez en escompter.

Préparez-vous dès la terminale ! Si votre décision est prise suffisamment tôt, rien ne vous empêche de profiter de votre armée de terminale pour pré­parer votre première année de prépa et augmenter vos chances d’y réus­sir. Lorsque vous préparez un exposé ou un dossier de presse sur une question d’actualité... pourquoi ne pas choisir des sujets qui font « coup double » (comparez les deux programmes) ? Commencez aussi à vous constituer une base documentaire, des dossiers de presse... Même pen­dant l’été qui suit votre bac, nous vous conseillons de rester dans le bain en lisant la presse économique et sociale par exemple. Le plus difficile en prépa, c’est le choc des premières semaines de rentrée : amortissez-le en vous y préparant.

Les premières semaines : accrochez-vous ! La période qui sépare la rentrée des vacances scolaires de fin octobre est probablement la plus dure à vivre. La différence de niveau et d’exigence est telle par rapport à la classe terminale, les efforts demandés si intenses, les premiers résultats si déce­vants... que vous allez presque tous vivre des moments de doute, voire de déprime ! Un seul conseil : accrochez-vous ! Les profs devraient normale­ment vous y inciter, mais ils ne feront pas d’acharnement : si vous n’êtes pas à la hauteur, certains vous le feront sèchement remarquer. Ce passage difficile fait partie de la règle du jeu. Il sert, entre autres choses, à per­mettre à chacun de répondre vite à une question fondamentale : suis-je à ma place dans cet univers ? Si vous êtes convaincu que la réponse est négative, il faudra peut-être vous réorienter. Surtout, si vous vivez mal tout cela, ne le gardez pas pour vous : parlez-en ! Rien de pire que de s’enfermer seul dans un tel tourbillon.

Mettez en place un système de travail en équipe. L’un des travers fréquemment dénoncé dans les prépas est l’individualisme qui y règne, exacerbé par le sentiment que le voisin est un concurrent plus qu’un membre d’une équipe. Il n’est donc pas facile de mettre en place un système de travail partagé au sein de petites équipes, et pourtant, c’est tout à fait souhaitable. Vous êtes très bon en histoire, un autre en maths, un troisième en sciences économiques, un quatrième en anglais... Pourquoi ne pas créer un petit groupe solidaire au sein duquel chacun, en tant que leader dans la disci­pline où il excelle, aide les autres ? Pourquoi ne pas proposer que chacun se charge de lire un livre signalé comme devant être lu, et d’échanger les fiches de lecture que chacun en tirera ?

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