Une citation est une reproduction exacte  des paroles ou des écrits d’un autre. Vous-même êtes invité à recourir à ce procédé dans de nom­breux exercices. Solution pratique ou exercice imposé, citer peut avoir de multiples fonctions : apporter des informations objectives, trans­mettre une émotion, interpeller le lecteur ou, tout simplement, sur­prendre et faire sourire.

Citation ou reformulation ?

Faire une citation, c'est reproduire scrupuleuse­ment le propos d'autrui sans y apporter de modifi­cation. Reformuler, c'est exprimer i'idée d'autrui avec son propre vocabu­laire et ses propres tour­nures de phrases.

Si vous choisissez de citer, c'est parce que le passage auquel vous faites réfé­rence exprime clairement et succinctement une pensée.

Si vous choisissez de refor­muler, c'est parce que cela vous donne le moyen de résumer l'idée, de la pré­senter de façon plus concise.

Vous pouvez choisir une formule mixte, lorsque vous voulez vous référer à un passage un peu long : vous citez les formules les plus denses, et vous résu­mez les passages qui se situent entre les formules. Il est assez fréquent de devoir faire ce type de choix lorsqu'on rapporte la pensée d'autrui. C'est par exemple ce qui arrive pour introduire une com­position française, afin de rendre compte du propos d'auteur sur lequel il va falloir disserter : l'option choisie dépend de la lon­gueur de la citation incluse dans le sujet.

Pourquoi citer : les fonction de la citation

La citation preuve

La citation permet de rendre compte de l'opi­nion d'autrui. Citer une opinion au lieu de la refor­muler ou d'en donner une interprétation, évite le risque d'une infidélité, d'une erreur de compré­hension. Vous pouvez aussi ne citer qu'après avoir interprété : la citation apporte la preuve que votre interprétation était fondée, et donne plus de poids à votre intervention.

La citation autorité

La citation sert, dans une argumentation, à justifier ce que l'on dit par le recours à l'autorité d'un esprit reconnu. Si l'on choisit un spécialiste, une personne compétente dans le domaine dont on débat, la citation ajoute de la crédibilité à ce qu'on affirme. Le rôle argumen- tatif de la citation tient aussi à son caractère lapi­daire : si l'on choisit une formule courte et frappante, elle est plus convaincante qu'une longue phrase complexe qui résumerait péniblement la pensée d'un auteur.

La citation esthétique

La citation a aussi une fonction esthétique et ludique. En effet, lorsqu'un passage est jugé digne d'être cité, c'est parce qu'à la richesse du contenu s'ajoute une richesse de la forme : les choses y sont dites mieux qu'on ne le ferait soi- même. Il peut y avoir plai­sir à agrémenter ainsi son propre discours ou à pos­séder en mémoire quelques formules inou­bliables des grands auteurs. Dans la vie quoti­dienne, les slogans publici­taires bien construits sont souvent cités au détour des conversations.

La citation et son contexte

Il existe des recueils ou des dictionnaires de citations, mais ils doivent être utili­sés avec précaution, en raison de l'absence de contexte : renseignez-vous sur l'auteur et sur ses idées avant de reprendre son propos.

Une citation n'est parfaite­ment fiable que lorsqu'on connaît et comprend le texte d'où elle est extraite. C'est pour cela qu'il est bon de créer soi-même son répertoire de citations. Pensez alors à noter les références ; car vous ne pourriez pas vous servir d'une citation dont vous ne connaîtriez plus l'auteur.

Le choix d'une citation

Quand on choisit soi- même des citations au fil de ses lectures, il faut savoir qu'elles sont effi­caces si elles sont courtes et denses, et si elles com­portent un effet de style qui les rend faciles à mémoriser. On constate d'ailleurs que les citations les plus célèbres, celles dont on se souvient, pos­sèdent ces caractéristiques. Et certains auteurs prêtent plus que d'autres à la cita­tion, parce qu'ils possèdent l'art de la formule.

« Il est plus honteux de se défier de ses amis que d'en être trompé. » La Rochefoucauld, XVIIe siècle

« Il connaît l'univers, et ne se connaît pas. » La Fontaine, XVIIe siècle

« Deux excès : exclure la raison, n'admettre que la raison. » Pascal, XVIIe siècle

« Un poète est un monde enfermé dans un monde.» Hugo, XIXsiècle.

« Rien n'est plus dange­reux qu'une Idée quand on n'a qu'une idée, » Alain, XXe siècle

Où peut-on citer?

Dans l'introduction d'une dissertation ou d'une dis­cussion, la citation peut remplir deux rôles : soit présenter l'opinion à com­menter, soit, dans l'entrée en matière, accrocher l'attention du lecteur.

En tant qu'extrait exem­plaire du style d'un écri­vain, la citation est l'un des matériaux indispen­sables d'une dissertation sur un sujet littéraire : pré­senter plusieurs vers est nécessaire lorsqu'on évoque la poésie.

Le commentaire composé, comme l'explication méthodique, imposent le recours fréquent à des citations : soit pour orner des repères textuels, soit pour servir d'illustration aux analyses stylistiques.

Témoignage d'une expé­rience de lecture, ou, à tout le moins, de connais­sances littéraires, la cita­tion de grands auteurs rend compte, dans une certaine mesure, de votre culture et de la nature de vos goûts.

Une citation doit être adaptée à l'interlocuteur. Car elle doit créer une connivence, et cette conni­vence n'est possible que si le domaine culturel auquel appartient la citation n'est pas étranger à l'interlocuteur. Sinon, on se montre pédant.

Comment intégrer la citation dans un discours ?

A l'écrit, les guillemets délimitent le passage cité. A l'oral, dites « je cite ». Présentez la source à laquelle vous puisez : recourez au style indirect ou donnez — à l'écrit — les références entre paren­thèses.

Si vous ne retenez que quelques termes d'une citation et non une ou plusieurs phrases, intégrez ces mots dans votre texte. Faites les modifications grammaticales nécessaires mais en les signalant : mettez entre crochets les changements concernant les pronoms ou le système temporel ; signalez par des points de suspension une coupure.

Exemple : Simone de Beauvoir n'avait jamais eu de « prévention contre la maternité », mais elle pré­férait se consacrer à la lit­térature pour « justifie[r] le monde en le créant à neuf » : la maternité « n'était pas [son] lot ».

Si vous voulez mettre en évidence quelques termes des propos cités, ayez à l'oral une diction expres­sive. A l'écrit, soulignez le passage jugé important, et précisez ensuite qu'il s'agit d'une mise en relief per­sonnelle, par la formule « nous soulignons » mise entre parenthèses.

Comment respecter l'esprit et la lettre quand on cite ?

Si on choisit de citer des propos, il faut le faire avec exactitude ; conservez en particulier les particulari­tés de l'expression, les pro­cédés de mises en relief utilisés par l'auteur, voire une erreur, à signaler par [sic].

Ne présentez pas des vers comme de la prose : conservez la mise en page d'un extrait de poème ou indiquez par une barre les limites des vers : « La haute cheminée,/ Béant, illuminée,/ Dévore un chêne entier ! » (Victor Hugo). Et n'oubliez pas de nommer l'auteur des pro­pos cités.

Compensez par des indica­tions complémentaires l'absence du contexte de la citation : il peut s'agir de clarifier le sens littéral ou de préciser l'importance relative de cette opinion pour l'auteur. N'oubliez pas qu'une phrase extraite de son contexte peut signifier le contraire de l'opinion défendue par celui que vous citez !

La citation dans l'argumentation

Dans une composition française, un commen­taire, un essai, la citation participe à l'organisation générale du texte, elle vient appuyer, souligner une pensée. La citation joue également un rôle essentiel dans d'autres domaines de l'argumen­tation quotidienne : dans le discours politique, la publicité, la lettre de promotion ou même de la petite annonce de recrutement. Quelles règles observent alors le passage entre guillemets et son introduction dans l'argumentation ?

La citation répond à plusieurs intentions.

Elle peut donner des références en apportant la pensée à partir de laquelle la réflexion se mène.

Elle peut aussi concrériser une proposition, une idée en a portant des détails précis et techniques. Elle peut faire autorité, en s'ap­puyant sur des déclarations de personnes connues, de spécialistes. Elle peut aussi, et tout simplement, chercher à animer en faisant intervenir un ou plusieurs personnages. Mais ces intervenants doivent eux-mêmes être crédibles. Cette crédibilité s'appuie sur des signes facilement repérables : le locuteur montre qu'il a accumulé un savoir, le locuteur représente lui-même un modèle, le locuteur joue le rôle de conseiller, le locuteur peut même apparaître sur une pho­tographie qui sert alors de preuve.