1. Vocabulaire et outils pour l'analyse des réécritures

  • Qui réécrit quoi ?
  • Le texte-source : texte qui sert de modèle, de source d'inspiration, pour la réécriture.
  • L'intertextualité : ensemble des références (explicites ou implicites) dans un texte qui renvoient à des oeuvres littéraires antérieures.
  • Les différentes formes de réécritures
  • Pastiche, imitation, amplification ou réduction, parodie : voir mémo « Réécritures : principales formes » (p. 333).
  • Les principales fonctions des réécritures
  • Rendre hommage ou se démarquer des modèles : l'écriture devient un acte de reconnaissance ou de désacralisation de la littérature.
  • Concurrencer et surpasser : l'écrivain se mesure à ses maîtres.
  • Entériner un changement de mentalités : la réécriture montre des mutations historiques, sociologiques ou idéologiques.
  • Faire rire : c'est le cas des parodies.
  • Faire réfléchir et participer le lecteur : le lecteur compare mentalement les textes et est donc invité à une lecture participative. 

2. Les réécritures : bref historique

  • L'imitation dans l'Antiquité

Dans l'Antiquité, l'acte d'écrire trouvait sa valeur dans l'imitation. Ainsi, une oeuvre littéraire prenait du prix en ce qu'elle imitait les grands textes, les modèles antérieurs, souvent afin de rendre hommage aux maîtres. La notion d'originalité était donc étrangère aux auteurs antiques.

  • L'imitation à la Renaissance et au Grand Siècle (XVIe-XVIIe siècles)

Ce primat d'une théorie de l'imitation perdure à la Renaissance et jusqu'à la fin du XVIIe siècle. Les poètes de la Pléiade, les humanistes et les classiques, qui admi­rent l'Antiquité, entendent s'inspirer des grands auteurs de cette période. Cependant, leur imitation n'est pas servile : les hommes de la Renaissance et les classiques adaptent les textes-sources au goût et aux mentalités de leur époque.

  • Les Romantiques, ou l'aspiration à l'originalité

A la fin du XVIIe siècle, éclate la querelle des Anciens et des Modernes. Les Anciens conçoivent la littérature comme imitation ; les Modernes comme Innovation. Ces derniers aspirent à se détacher des modèles antiques pour fonder une littérature moderne, qui témoignerait des progrès de la société. Ce sont les Romantiques, à l'aube du XIXe siècle, qui donnent à l'originalité ses lettres de noblesse. Individu en marge de la sphère sociale, hanté par un sen­timent de singularité absolue, l'auteur romantique pense son « moi » et son écriture comme individualité et originalité.

  • L'auteur est-il condamné à réécrire ?

Le XXe siècle remet à l'honneur la théorie de l'imitation : la critique littéraire des années 1960 pense le texte littéraire comme reprise de textes antérieurs. Nul auteur ne peut faire abstraction d'un héritage culturel et littéraire, même s'il peut entreprendre de le subvertir ou de le parodier.

3. Quelques problématiques de dissertation

  • Réécrire, est-ce imiter ou innover ?
  • Réécrire, ce peut être imiter car : 1/ on reprend des matrices narratives ; 2/ on reprend des personnages ; 3/ on reprend des formes littéraires.
  • Réécrire, ce peut être innover car : 1/ l'auteur peut parodier le texte-source ; 2/ l'auteur adapte le texte-source à son époque afin d'être toujours de son temps.
  • Les mythes sont-ils toujours d'actualité ?
  • Les mythes peuvent paraître démodés car : 1/ Ils renvoient à un cadre spa­tio-temporel ancien ; 2/ ils renvoient à des faits sociaux ou des mentalités dépassées ; 3/ Ils sont relatés dans une langue et dans une forme qui ne nous sont plus familières.
  • Les mythes restent actuels car : 1/ Ils restent présents dans notre Imaginaire collectif et dans notre langue ; 2/ ils parlent de sentiments et de situations uni­versels et archétypaux ; 3/ Ils se prêtent aisément à la modernisation.
  • Quel intérêt peut-il y avoir à lire une réécriture ?
  • Le lecteur comprend plus aisément la réécriture car il connaît la matrice originelle.
  • Le lecteur est Invité à une lecture participative (comparaison de l'œuvre avec le texte-source).
  • Le lecteur est flatté car il peut mesurer l'étendue de sa culture (capacité à reconnaître un modèle antérieur).

4. Quelques clés pour le commentaire

  • Envisager les différents types de transformations.
  • Pensez qu'une transformation n'est pas seulement thématique : elle peut aussi être stylistique, idéologique ou générique. Il faut alors mesurer les écarts avec le texte-source et les interpréter.
  • Interpréter les infléchissements du texte-source.
  • Pensez toujours à définir la visée de la réécriture (rendre hommage ? dégrader ? subvertir ? parodier ?).

5. Conseils de lecture

  • Imitations : Virgile, L'Énéide ; Ronsard, Amours (1553) ; Théophile de Viau, Pyrame et Thisbé (1621) ; Racine, Phèdre (1677).
  • Parodies : Zola, La Curée (1871) ; Alfred Jarry, Ubu roi (1896).
  • Modernisation de mythes : Cocteau, La Machine infernale (1934) ; Giraudoux, Électre (1937) ; Anouilh, Antigone (1944).

 Voir un exemple de réécriture : La légende de Saint Julien L'hospitalier de Flaubert

 Voir un exemple de dissertation rédigée sur les réécritures