I- Définition du conte: 

On classe des textes très divers sous le nom de "conte". Ils ont tous la particularité d'être assez courts et d'introduire le lecteur dans un univers déconcertant, éloigné du monde réel.

Les contes merveilleux, sélectionnés et regroupés dans un recueil par Perrault au XVIIe siècle, ont ont connu un regain d'intérêt  au début du XIXe siècle, quand les Romantiques ont remis à l'ordre du jour toutes les créations populaires. Certains auteurs du XVIIIe siècle ont détourné le genre pour en faire un conte philosophique qui rendait possible l'exposition d'une doctrine, des idées abstraites d'une manière facile et séduisante.

Enfin, beaucoup de conteurs, particulièrement au XIXe siècle, ont attribué le nom de conte à des récits fantastiques, étant donné que le surnatu­rel passe plus facilement dans le cadre d'un genre qui se veut par définition éloigné du réel.

Le conte est traditionnellement d’origine populaire. Son nom même désigne des récits différents, ce qui le rend difficile à définir. Pourtant il possède des caractéristiques spécifiques.

II- Les caractéristiques du conte

  • Un récit merveilleux et symbolique

Le conte est un récit généralement bref qui relate des faits imaginaires. À la différence du roman ou de la nouvelle, qui cherchent le plus souvent à Imiter le réel, il présente au lecteur un monde où règnent l’invraisemblance, le merveilleux et le surnaturel. Il permet donc de rêver.

Ce qui caractérise aussi le conte, c’est le contraste entre la simplicité du récit, le caractère conven­tionnel des situations et des personnages et la richesse symbolique du contenu. De là vient que, plus que tout autre récit de fiction, il donne lieu à des interprétations. Les ethnologues, les folkloristes ou les psychanalystes voient dans le conte les marques d’un inconscient populaire et s’atta­chent à en dégager le sens profond.

  • Une structure et des personnages spécifiques

La comparaison d’un grand nombre de contes a permis de constater que ces récits reproduisent certaines constantes.

On a pu à partir de là établir le schéma narratif du conte : le récit présente une situation dont l’équi­libre initial est rompu par une force qui joue un rôle perturbateur. Un déséquilibre est alors créé. Mais une force Inverse vient rétablir l’équilibre et conduit à la situation finale. Le conte correspond à un processus de transformation :

Etat initial → force perturbatrice → déséquilibre → action réparatrice → état final

L’observation des personnages permet aussi de dégager des types qui peuvent être regroupés ainsi : - le héros, - l’objet (objet du désir du héros ou objectif qu’il se fixe), - le donateur (qui peut don­ner au héros ce qu’il cherche), - le destinataire ou le bénéficiaire (celui pour qui combat le héros),

- l’auxiliaire ou « adjuvant » (qui aide le héros), - l’adversaire ou « opposant » (qui fait obstacle au héros). L’intérêt des personnages de contes ne réside pas dans leur psychologie mais dans la fonction qu’ils occupent dans le récit.

III- Les différents types de contes

Il existe différentes sortes de contes : le conte mer­veilleux, le conte philosophique, le conte fantastique.

  • Le conte merveilleux

Le conte oriental (Les Mille et une nuits), le conte de fées (Cendrillon) appartiennent à cette catégo­rie. Ces contes, anonymes, étalent transmis ora­lement. Ils ont été rassemblés à la fin du XVIIe siècle par Charles Perrault, au début du XIXe siècle par les frères Grimm puis par Andersen. Ces contes présentent un univers Irréel où les animaux parlent et les objets se métamorphosent ; des puissances magiques interviennent et les personnages sont dotés de qualités ou de défauts hors du commun. Ils peuvent être cruels mais la plupart ont une fin heureuse, compensation aux dures réalités de la vie féodale où ils sont nés.

  • Le conte philosophique

Au XVIIe siècle, le conte devient une arme de contestation pour les philosophes. Voltaire avec Zadig, et Candide, donne les modèles du genre. Le nom de « contes philosophiques « traduit clairement la double nature de ces récits. Au conte, ils empruntent leur forme brève, les péripéties, l’univers merveilleux (l'Eldo­rado dans Candide). Mais l’esprit philosophique y est constamment à l’œuvre : les traditions sont remises en cause, le pouvoir est contesté, les injustices et les abus sont dénoncés (la cupidité des juges dans Zadig). C’est en uti­lisant les caractères des contes, mais en les détournant par divers procédés de décalage comme l’Ironie ou l’exagération, que les philo­sophes combattent en faveur des Idées nouvelles. Par exemple, dans Zadig, le thème traditionnel du héros doué de pouvoirs magiques et quelque peu sorcier se transforme en éloge de l’esprit ration­nel et scientifique.

  • Le conte fantastique

Au XIXe siècle, le conte connaît un regain d’intérêt sous la forme du conte fantastique. Le nom de « conte » s’explique par le fait que les histoires sont souvent racontées par un narrateur-conteur qui rapporte oralement une de ses expériences. C’est le cas dans Apparition de Maupassant. La forme brève du conte sert à resserrer l’Intrigue autour d’un événement déterminant et à créer un effet de concentration. Le schéma est celui d’une tension : la situation progresse, culmine au cours d’une crise et s’achève rapidement. Le merveilleux des contes traditionnels est égale­ment présent.