Le terme de classique renvoie à toute œuvre méritant d’être étudiée en classe de par ses qualités formelles. C’est donc seulement au XIXe siècle que le terme de classicisme fut appliqué à la littérature française des contemporains du Roi- Soleil.

I. Les causes du classicisme

1. Le cartésianisme

En 1637, René Descartes publie son Discours de la méthode qui, en définissant quatre règles pour conduire son esprit sans risque d’erreur, vise à sortir des incertitudes nées de l’effondrement du système d’Aristote. Ses Méditations sur la philosophie première, publiées en 1641, permettent d’échapper définitivement au doute en établissant un jugement absolument certain : je suis, j’existe. Toute autre certitude découle de cette affirmation première et s’appuie sur la notion de clarté. Aux baroques qui cultivent les contrastes d’ombres et de lumières, et soulignent les illusions trompeuses, le classicisme va donc opposer le goût de la clarté et la recherche de la certitude.

2. La monarchie absolue

Le pouvoir royal, bien malmené durant les guerres de Religion, commence à s’affirmer sous le règne de Louis XIII grâce à la politique de Richelieu. La mort du roi (1643) offre aux grands seigneurs affaiblis l’occasion d’essayer de récupérer leurs anciennes prérogatives : c’est la Fronde. Cette révolte des seigneurs et du Parlement aboutit à un fiasco, mais fait assez sentir au jeune Louis XIV la nécessité d’affermir son pouvoir personnel. Ce système politique n’est pas sans rappeler la position centrale du sujet chez Descartes (où le je suis est la base de toute certitude) et celle du Soleil dans la cosmologie copernicienne. Les complexités de l’ancien système féodal sont remplacées par la clarté d’un centralisme tournant autour de la personne symbolique du Roi-Soleil.

3. Villes et jardins

L’urbanisme classique et l’art des jardins à la française concrétisent cette volonté philosophique et politique: la nature est soumise à la raison, les arbres taillés et ordonné autour d’allées rectilignes, convergeant à Versailles, de même que les avenues de la ville, vers la chambre du Roi.

Inscription dans les collèges locaux, 2005

II. Les caractéristiques du classicisme 

Les exigences du classicisme sont été affirmées d’abord par Malherbe, le poète officiel d’Henri IV. Elles sont mises en forme et exprimées beaucoup plus tard par Boileau dans son Art poétique (1674). Les maîtres mots du classicisme sont la contrainte et la clarté : il faut suivre des règles pour être clair, de même que Descartes établit pour la pensée des règles de conduite aboutissant à la clarté.

1. La simplification de la langue

La Pléiade s’était attachée à enrichir le français Fiche 2, Malherbe au contraire veut éliminer les provincialismes, les archaïsmes et toute forme de jargon jugé prétentieux. L’idéal classique se veut un idéal de simplicité et de netteté contre la boursouflure et l’emphase baroques.

2. La rigueur des règles

Présidant aux différents genres littéraires la rigueur des règles se durcit. En poésie, Malherbe condamne les hiatus et les enjambements, il impose la césure de l’alexandrin à la sixième syllabe et la rime pour l’œil, qui suppose que non seulement les sons, mais même l’orthographe soient les mêmes pour que deux mots riment. Boileau consacre, au théâtre, la règle des trois unités.

3. La pudeur

La pudeur est aussi l’un des maîtres mots du classicisme. « Le moi est haïssable » écrit Pascal. L’écrivain classique tâche de s’effacer avec modestie derrière son œuvre. Il cherche l’universel, ce qui peut intéresser tous les hommes de tous les temps, et se garde bien d’étaler ses sentiments personnels.

4. La sincérité

Le baroque exagérait souvent ses effets jusqu’à l’artificiel. Le classicisme célèbre la sincérité et cherche la vérité dans l’analyse de l’âme. Peu importe que les histoires de Phèdre ou d’Andromaque ne soient que des mythes, ce qui compte c’est que les passions exprimées soient vraisemblables et, par conséquent, révèlent la réalité des sentiments humains. Les passions restent toujours présentes et souvent plus puissantes que la raison elle-même, mais au moins l’homme est-il lucide sur lui-même.

III. Les écrivains classiques

 

1. Le théâtre

Le théâtre atteint son apogée en France au XVIIe siècle. La comédie conquiert ses lettres de noblesse avec Molière (1622-1673). La tragédie, encore baroque par certains aspects chez Corneille (1606- 1684), s’affirme dans la pureté des règles classiques avec Racine (1639-1699).

2. Le roman

Le roman, genre encore déconsidéré, donne pourtant avec La Princesse de Clèves (1678) de Madame de La Fayette, un chef- d’œuvre d’analyse psychologique sans précédent.

3. Le genre épistolaire

Ce genre devient très en vogue : on lit publiquement et l’on recopie les lettres de Madame de Sévigné (1626-1696).

4. Les moralistes

Les moralistes témoignent des préoccupations majeures des classiques. La raison doit pouvoir éclairer les comportements humains, et le goût de la concision, typiquement classique, se retrouve aussi bien dans les Caractères de La Bruyère (1645-1696) que dans les Fables de La Fontaine (1621-