1- LA NOTION DE POÈTE ET DE POÉSIE                              

Le poète

 C’est avant tout un artiste qui a une connaissance aiguë et profonde du monde et des hommes, et la capacité de créer un nouvel univers (poiein, en grec, signifie « créer ») à l’aide du langage.

L’essence de la poésie

• Un texte poétique n’est pas forcément un texte en vers. On peut voir la poésie comme :

  • une façon différente, peu habituelle, de voir le monde et de réagir face à lui, qui en révèle à l’homme ordinaire les aspects cachés ou insoupçonnés ;
  • une façon originale de s’exprimer : est poétique ce qui est dit de façon inhabituelle, aussi bien du point de vue du vocabulaire, de la syntaxe, que des procédés de style (comparaisons, métaphores, rythme...).

• On peut dégager certains thèmes qui sont récurrents dans la poésie et que l’on qualifie de poétiques. Par exemple : les sentiments et les émotions, le bonheur et le malheur ; la nature, la beauté.

 • Pour définir la poésie, penser à l’anecdote racontée par l’essayiste Roger Caillois : sur la pancarte d’un mendiant aveugle, à la place de « Aveugle de naissance » un passant avait écrit : « Le printemps va venir, je ne le verrai pas. » Pour Caillois, ce passant est un poète (suggestion de tableaux, images, effets de contraste, lyrisme du «je»... font de sa pancarte modifiée un « écart » par rapport au langage ordinaire).

Les fonctions de la poésie

Les poètes ont assigné différentes fonctions à la poésie :

  • décrire : le poète latin Horace définit la poésie comme une « peinture » ;
  • traduire les sentiments et les émotions (poésie lyrique) ;
  • recréer le monde, en en « dévoilant » les faces cachées (le poète est un « voyant ») ;
  • mettre en valeur des idées, qui sont exprimées avec plus de force et d’intensité que par la prose ;
  • défendre des idées politiques ou sociales : c’est la poésie engagée.

D’une façon générale, deux tendances majeures s’opposent, celle de l’art pour l’art et celle de la poésie engagée.

II- LES TEXTES EN VERS

Le vers

  • Alexandrin (12 syllabes) : amplitude et solennité. Régulier et équilibré chez les classiques ; disloqué chez les romantiques
  • Décasyllabe (10 syllabes) : le plus ancien des vers réguliers (chanson de geste, épopée...)
  • Octosyllabe (8 syllabes)   : le plus utilisé (souvent mis en musique)
  • Hexasyllabe (6 syllabes)    : Relativement rare
  • Hendécasyllabe (11 syllabes) : Irrégularité et déséquilibre
  • Ennéasyllabe (9 syllabes) : peu utilisé. Impression de décasyllabe inachevé, effet de suspense 
  • Heptasyllabe (7 syllabes) : Impression de rythme sautillant, effet de suspense
  • Vers de cinq syllabes   : relativement rare
  •  Le poème en vers libres fait alterner différents types de mètres au gré des intentions du poète et des effets qu’il veut créer.

La strophe

Les vers se combinent en strophes (groupes de vers séparés par un blanc horizontal). Les strophes prennent un nom différent selon le nombre de vers qui les constituent : le distique (2 vers), le tercet (3 vers), le quatrain (4 vers), le quintil (5 vers), le sizain (6 vers), le septain (7 vers)...

Le sonnet

Le sonnet est un poème régulier dont les caractéristiques techniques sont les suivantes : deux quatrains et deux tercets composés d’alexandrins ; deux sons à la rime dans les quatrains (abba abba). Il est souvent construit autour d’une opposition ou d’un parallélisme entre quatrains et tercets, ou autour d’une opposition entre les treize premiers vers et le dernier (chute).

Les rimes et les sonorités

  • Les rimes : selon leur fréquence, elles peuvent aussi créer un effet de rythme. Elles sont plates (ou suivies) si elles suivent le schéma a-a(-a)/b-b(-b) ; croisées, dans le schéma a-b/a-b ; embrassées, dans le schéma a-b/b-a ; mêlées, dans le schéma a-a-b/c-c-b. On appelle rime intérieure une sonorité qui se trouve à l’intérieur du vers et qui fait écho à la rime de la fin du vers ; elle crée un effet de régularité, de balancement.
  • L’allitération (répétition d’un son consonantique) et l’assonance (répétition d’un son vocalique) ne sont pas « gratuites » : l’auteur, en répétant le son, veut produire une impression. Ainsi, l’allitération fameuse de Racine : « Pour qui sont ces serpents qui sifflent sur vos têtes ? » vise à reproduire le sifflement des reptiles. Quand on analyse des procédés sonores, il ne suffit donc pas de relever les sonorités répétées ; il faut aussi préciser l’effet que veut créer l’auteur ou l’impression ressentie à la lecture des vers :
  • le e muet allonge la phrase ou le vers ;
  • le / est une voyelle aiguë et stridente ;
  • le son ou est sourd ;
  • les sons c (= k), g (= gu) et r sont durs ;
  • les sons p et f sont explosifs.

Le rythme

Le rythme s’étudie à partir de plusieurs paramètres.

  • La longueur du vers (nombre de « pieds » ou de syllabes dites) : les vers pairs (alexandrin, décasyllabe, octosyllabe, hexasyllabe) donnent une impression d’équilibre, de régularité ; les vers impairs (hendécasyllabe, ennéasyllabe, heptasyllabe...) créent une impression d’irrégularité, de déséquilibre.
  • Les coupes : elles peuvent séparer le vers en deux mesures égales (rythme binaire, source d’une impression de régularité) ou se trouver à des endroits variés du vers, créant un rythme croissant (mesures de plus en plus longues, qui donnent une impression de solennité) ou décroissant.
  • L’enjambement : la phrase (unité syntaxique) dépasse la rime et déborde sur la première mesure ou jusqu’à la fin du vers suivant ; l’enjambement crée une impression de lenteur, d’amplification.
  • Le rejet : un mot d’une phrase ou d’un groupe syntaxique est rejeté au début du vers suivant et provoque ainsi un effet de surprise.

Exemple : « Comment vous nommez-vous ? Il me dit : - Je me nomme Le pauvre... » , « Le Mendiant », Victor Hugo.

III- LE POÈME EN PROSE :

L’histoire du poème en prose

• Né au XIXe siècle, le poème en prose a montré que la poésie ne s’écrit pas seulement en vers. On peut définir un poème en prose comme un texte qui, par ses thèmes, ses images, son rythme, ses jeux de sonorités, porte les marques de l’inspiration d’un poète et provoque une émotion particulière.

• Les principaux auteurs de poèmes en prose sont :

- au XIXe siècle : Aloysius Bertrand (Gaspard de la nuit), Baudelaire (Petits Poèmes en prose), Mallarmé, Lautréamont (Les Chants de Maldoror), Rim¬baud (Illuminations, Une saison en enfer) ;

- au XXe siècle : Francis Ponge (Le Parti pris des choses).

Le rythme dans les textes en prose

• Dans la prose, le rythme est créé par :

  • - la longueur des phrases (brèves ou longues) ;
  • - les pauses marquées par la ponctuation, notamment les virgules ;
  • - la juxtaposition ou la liaison des phrases (la juxtaposition rend le rythme plus heurté, la liaison l’assouplit et le rend plus harmonieux) ;
  • - les groupes binaires ou ternaires.

• L’étude du rythme permet de faire ressortir différents effets :

  • - une amplification, une progression croissante ou décroissante, une chute ;
  • -  des effets de balancement, de déséquilibre 

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