La succession des événements

  1. L'arrestation de Vautrin
  • Lignes 1 à 15 : la police fait irruption et bloque toutes les entrées, sans qu’on sache explicitement qu’elle agit contre Vautrin.
  • Lignes 15 à 38 : phase d’affrontement violent entre Vautrin et la police.
  • Lignes 37 à la fin : nouvelle tactique de Vautrin, la maîtrise non-violente.
  1. L’irruption de la police est déjà une surprise dont rend compte la réaction des témoins : « un murmure d’étonnement ».

La première réaction de Vautrin surprend par sa rapidité et sa force surnaturelle, même si une réaction violente pouvait être prévisible (« Il bon­dit... féroce énergie... cris de terreur ».)

Sa deuxième réaction surprend, elle, par son caractère inattendu, de même que par sa rapi­dité (« rapide comme un éclair »).

Puis le discours de Vautrin réserve lui-même quelques effets de surprise : il appelle par son nom celui qui est chargé du procès-verbal, il dévoile son identité...

      3- Intérieur et extérieur

Intérieur

Extérieur

silence (1.9)

bruit : « pas », « fusils »

acteurs dénombrés et identifiés

masse confuse

lien supprimé entre intérieur et extérieur par la garde des issues

 Vautrin: maître du jeu

  1. L'image initiale sous-jacente est celle du Diable : les « cheveux rouge-brique » sont sem­blables aux « feux de l'enfer », et de ce fait «ruse» et « intelligemment » se révèlent être des caractéristiques de la puissance maléflque. Ensuite, Vautrin est comparé au chat, qui dans certaines traditions est l’animal du diable. Puis, au moment où il manifeste sa force, c’est le métaphore du lion qui est utilisée : « rugit » ; «ce geste de lion ».La dernière image abandonne le monde animal pour une comparaison plus subtile avec la chau­dière. Dévolution des images suit l’évolution de Vautrin, de la rage simpliste à la complète maî­trise de soi.
  2. Les témoins ne font que murmurer. Quant aux membres de la police, ils ne prononcent que deux phrases très courtes (la première n’est même pas complète), et stéréotypées : « Au nom de la loi et du roi » ; « Allons, qu’on se déshabille ». Vautrin est en fait le seul à vraiment parler, jus­qu'à s’engager dans un discours, « comme un i dateur » (1.52). C’est le signe qu’il est le maître de la situation.
  3. Il ne peut redresser la situation à son avan­tage qu’en renonçant à employer les mêmes armes que l’adversaire : sur le terrain de la vio­lence, la police est la plus forte. Il se met à parler et prend le dessus en trois temps : il échappe à la violence en renonçant de lui-même à la violence (« je ne résiste pas ») ; il réussit à refuser de se déshabiller, en jouant au gentleman i lovant les dames ; il décide lui-même d’avouer, pour ne pas y être forcé.

Les figurants

  1. Les forces de police sont nombreuses : outre les officiers de police, les trois agents et les quatre gendarmes qui apparaissent, on sait que (l outres policiers ont encerclé la maison : « Le pas et les fusils de plusieurs soldats retentirent sur le pavé caillouteux qui longeait la façade ». Mais ils ont beau être nombreux, ils disparaissent tous rapidement du récit : il n’est plus fait allusion à eux que dans le discours de Vautrin : « Messieurs les gendarmes », « papa Lachapelle ». L'affrontement se transforme en un duel entre Vautrin et le chef de la police.
  2. On passa de l’étonnement (1.8) à la terreur (1.29) et à l’admiration (1.43), ce qui montre que les réac­tions des témoins dépendent des réactions de Vautrin : il est maître du public et le manipule.

III- ÉTUDES COMPLÉMENTAIRES AU TEXTE DE BALZAC

Qui est Vautrin ?

Un personnage aussi complexe entraîne de fré­quentes caractérisations directes ou indirectes, qui peuvent donner lieu à un fichier de citations. Vautrin se définit souvent par son propre discours, dans lequel il expose sa pensée et ses intentions. Devant Lucien de Rubempré, par exemple, à la fin des Illusions perdues, point de départ des futures Splendeurs et Misères des courtisanes : « Jamais l’argent ne vous manquera... Vous brillerez, vous paraderez, pendant que, courbé dans la boue des fondations, j’assurerai le brillant édifice de votre fortune. J’aime le pouvoir pour le pouvoir, moi ! Je serai toujours heureux de vos jouissances qui me sont interdites. Enfin, je me ferai vous !... »

Souvent revient le discours sur la société qu’il dénonce (voir ci-contre), avec des accents par­fois hugoliens : « Pourquoi deux mois de prison au dandy qui dans une nuit ôte à un enfant la moi­tié de sa fortune, et pourquoi le bagne au pauvre diable qui vole un billet de mille francs avec les circonstances aggravantes ? » (Le Père Goriot). Et cette attitude est caractérisée également par le narrateur : « Souvent une boutade de Juvénal, et par laquelle il semblait se complaire à bafouer les lois, à fouetter la haute société, à la convaincre d’inconséquence avec elle-même, devait faire supposer qu’il gardait rancune à l’état social. » (Le Père Goriot)

Le personnage et son créateur

On peut se demander pourquoi un bandit cynique comme Vautrin fascine à ce point son créateur. On peut se demander pourquoi il choisit ce per­sonnage pour être, à un moment donné, son porto parole dans la condamnation de la société.

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